samedi 27 juillet 2013

Wolverine : Le combat de l'immortel - James Mangold


Réalisé par James Mangold
Ecrit par Scott Frank et Mark Bomback
D'après les comic book de Frank Miller & Chris Claremont
Avec : Hugh Jackman, Tao Okamoto, Rila Fukushima, Hiroyuki Sanada...
2h06
Sortie : 24 juillet 2013

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Entre Amour et Immortalité

Après tous les films de super-héros sortis depuis le début d'année, Wolverine propose un cadre, un environnement enfin différent de la puissance américaine (notamment New York ou Los Angeles). Wolverine s'envole (à deux reprises) pour le Japon. Passant d'un Japon en pleine 2nde Guerre Mondiale à un Japon urbain actuel (semblable à celui que l'on peut voir dans Push de Paul McGuigan), en le ponctuant par un Japon plus rural (dont certains moments feront penser à The Grandmaster de Wong Kar Wai par leurs aspects sombres et les effets de neige et de pluie, la poésie et la beauté chorégraphique en moins), James Mangold présente un décor varié et très intéressant. 

Paradoxalement, ce décor reste très cliché par rapport aux thèmes abordés par le film. Il s'agit là d'une histoire d'honneur, de lien filial et de trahison. Si l'on regrette que le Japon soit malheureusement encore utilisé pour cela (du point de vue des occidentaux tout du moins), la question qui se pose est de savoir quel autre pays pourrait permettre de rendre crédible cela... Aucun. Ce choix reste d'une part logique et d'autre part montre une certaine fidélité vis-à-vis du comics.

Pour ce qui est de l'épopée de Wolverine au pays du "soleil levant" le film démarre à Nagasaki en 1945, lorsque Wolverine, capturé (on ne sait comment) par les soldats / samouraïs, sauve la vie d'un jeune samouraï Yashida. De retour en 2013, Wolverine est invité à retourner au Japon pour dire adieu à un Yashida mourant (devenu entre temps homme d'affaire de technologie high tech surpuissant). Ce dernier lui propose de lui hôter son pouvoir de régénération pour que Wolverine puisse enfin reposer en paix et lui, retrouver une belle vie. Moult péripéties obligent Logan à rester au Japon pour protéger Mariko Yashida (la petite fille), prise dans une guerre (de clan) familiale sans merci pour des questions d'argents, d'héritage et d'immortalité. Bien que les retournements de situation dynamisent le film ils restent trop prévisible. Presque aucuns moments (censés) surprenants n'ont l'effet escompté. Le scénario reste pour le coup trop classique.

Si la scène d'ouverture (l'explosion de la bombe nucléaire) laisse présager un film d'action survitaminé avec un montage très nerveux, des plans très courts, une caméra en perpétuel mouvement, des effets sonores passant d'un extrême (le silence) à l'autre, la majeure partie du film est tout autre. Le film s'attarde énormément (voir trop) sur la faiblesse émotionnelle du gros dur. Pour une fois dans un blockbuster il manque d'action. Malheureusement les scènes plus intimistes manquent de profondeur, la même idée se ressasse (les rêves de Logan ainsi que l'apparition de Jean Grey dans ceux-ci). Se reposant sur le trio Amour, immortalité et honneur il est trop facile de déceler les choix du personnages (grossièrement, Logan ayant un comportement héroïque, ne peut se résoudre à mourir, afin de sauver des vies, cette prise de conscience étant prise grâce une femme dont l'amour lui donne l'impression d'avoir encore une utilité). Il est pourtant l'un des meilleurs personnages Marvel sur lequel la psychologie aurait été intéressante à exploiter. Néanmoins, pour le peu d'action se trouvant dans le film elle reste d'une grande qualité, les effets étant (comme souvent) totalement réalistes.

Le film se termine là aussi très rapidement (comme c'est le cas dans World War Z) avec une fin bien trop simpliste, très ouverte, laissant un champ ouvert en vue de l'élaboration d'une suite (ce qui fait cruellement défauts dans les blockbusters, contrairement à un Iron Man 3 qui lui clôture une saga et se permet une véritable fin).

La seule véritable surprise du film réside dans une scène "bonus" post-générique final avec l'apparition de deux X-Men, faisant le lien entre Wolverine : Le combat de l'immortel et X-Men : Days of Future Past (avec un retour derrière la caméra de Bryan Singer auquel on doit les deux premiers opus de cette longue saga. En espérant cette fois-ci que son rôle dans le film aille au delà du simple caméo gaguesque caricaturant le personnage (dans X-Men : Le Commencement).   

Alexis D.

Mariko Yashida (Tao Okamoto) et Logan (Hugh Jackman)

La Vipère (Svetlana Khodchenkova) et Logan (Hugh Jackman)

Yukio (Rila Fukushima) et Shingen Yashida (Hiroyuki Sanada), fils de Yashida et père de Mariko 



jeudi 25 juillet 2013

Le Congrès - Ari Folman



Ecrit et Réalisé par Ari Folman
D'après le roman Le Congrès de futurologie de Stanislas Lem
Festival de Cannes 2013 : Quinzaine des réalisateurs - Film d'ouverture
Avec : Robin Wright, Danny Huston, Paul Giamatti...
2h00
Sortie : 3 juillet 2013

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Le Bal de l'actrice


Il aura fallut cinq ans au talentueux réalisateur iranien pour nous concocter l’après Valse avec Bachir (2008). Le Congrès, fruit de cinq années de gestation, n’est pas une suite conventionnelle dans l’œuvre d’Ari Folman. Ce n’est pas un nouveau film d’Ari Folman, mais un film d’un nouveau Ari Folman. Après la guerre au Liban, il s’attaque à un sujet tout aussi ambitieux, et bien plus casse gueule : l’acteur de cinéma. Pas de doute, l’image que nous nous sommes faite du réalisateur à la sortie de Valse avec Bachir sera à des années lumières de celle du Congrès.

Robin Wright (jouant son propre rôle) se voit proposée d’un passage au scanner. La première moitié du film explore cette idée, de sa naissance à sa concrétisation. Car Robin Wright va mettre du temps à accepter une telle chose, n’étant autre qu’une mort prématurée. Plus tard, les spectateurs continueront de voir Robin Wright à 40 ans, aux seins fermes, à la peau douce, aux yeux pétillants. « Nous voulons posséder cette chose appelée Robin Wright » dit Jeff Green (Danny Huston), embarrassé. Que deviendra alors la vraie Robin Wright ? Une sorte de femme au foyer, qui s’occupera d’Aaron, son fils, dont le médecin (Paul Giamatti) prédit qu’il deviendra sourd et aveugle. Cette première partie n’est pas de l’anticipation : elle se déroule de nos jours. Folman construit dés lors un espace vide, triste, où pas moins de dix personnes déambulent devant le regard troublé de Robin. Les scènes dialoguées apparaissent comme des moments de haute tension, où seule la voie du producteur Jeff Green et celle de l’actrice résonne dans un abîme engloutissant littéralement toute humanité : Miramount Pictures. Quelquefois, Folman sort les grands violons, pour ne les faire durer que quelques secondes. Dans ce monde, la musique est aussi éphémère que le sourire des personnages. Finalement, Robin Wright se retrouvera coincée, avec d’un côté le refus d’exploitation de son image, de l’autre le désir de soigner Aaron. Elle va alors conclure un réel pacte avec le diable (Danny Huston évoque clairement Méphisto) et rentrer dans la machine qui l’emprisonnera à vie. Arrive alors la scène centrale du Congrès, d’une puissance monumentale. Scanner les différentes expressions, « échantillonner » Robin Wright, sera une tâche difficile. Al (Harvey Keitel) tentera de raconter un évènement, directement tiré de sa vie personnelle. Du fou rire aux torrents de larmes, Robin Wright va ressentir en cinq minutes ce qu’elle pourrait ressentir en une vie.

Robin Wright, l'échantillonage

Robin Wright

Jamais son interprétation n’avait atteint une telle perfection, une telle émotion, un tel bouleversement. Durant ces plans, nous arrivons à douter de Robin Wright. Est-elle dans la peau de son personnage, où réellement dans la sienne ? En quelques secondes, Folman redéfinit la condition et le squelette de l’acteur de cinéma. En écoutant l’histoire d’Al, il est possible que nous ressentions la même chose que l’actrice. Folman abolit la frontière acteur/spectateur, et nous hypnotise mieux qu’un bon magicien, à la manière d’un Takovski (Solaris) ou d’un Kubrick (2001).

Avons nous vu le meilleur du Congrès ? Cette partie du film, ne durant en réalité que quarante cinq minutes, sera suivie par un déluge totalement inattendu. Ce dernier nous entrainera au plus profond du vortex imaginé par Stanislas Lem, l’auteur du Congrès de futurologie. Folman n’a en effet décidé d’adapter que cette partie du roman, la première étant donc écrite de sa main. Trente ans plus tard, Robin Wright ira faire un tour dans la « zone d’animation ». Une attraction future, similaire au Disneyland que nous connaissons aujourd’hui.
Nous pénétrons alors dans un univers entièrement dessiné, extrêmement coloré, paradoxalement effrayant. Folman redéfinit alors la science fiction à son goût, tout en gardant les thématiques essentielles, nous rappelant parfois Donnie Darko (un film de SF qu’il vénère). Robin Wright va découvrir mille autre Robin Wright, va se perdre, se faire aspirer dans ce grand tourbillon où la plupart des habitants lui sont hostiles. Ces habitants qui sont en fait des victimes de la terrible illusion, où le spectateur de cinéma est remplacé par le réalisateur même. Dans ce monde, tout est possible, tant et si bien que l’illusion se dissipera au fur et à mesure du voyage et deviendra alors une véritable matrice. L’effet d’hallucination qu’expose et produit Folman n’est en réalité que le fruit de nous même, dans un univers d’une beauté anarchique. Intéressante oxymore, déjà présente dans Valse avec Bachir avec cette fameuse scène de soldats nus sortant de l’eau.

Robin Wright et Jeff Green (Danny Huston)

Robin Wright

Le Congrès s’impose comme une œuvre visionnaire. Le film d’animation, nous le découvrirons par la suite, est inclue dans le monde réel, à l’inverse de ce que nous pourrions imaginer quand Robin Wright se retrouve prise au piège. Car pendant plusieurs décennies d’exil, elle n’oubliera jamais sa Terre natale, surtout ses enfants. Folman choisit de conclure avec un retour à la réalité des plus terrifiant, comme il l’avait brillamment fait surgir par surprise dans Valse avec Bachir. Robin Wright a changé, l’actrice est devenue une clocharde que personne ne reconnaît. Avec le recul, elle regrettera finalement son geste, celui d’avoir abandonné le monde animé. Le spectateur aussi, qui aura vécu durant ce moment une jouissance extrême devant cette déflagration de couleurs, d’émotions, atteignant son apothéose avec Forever Young chanté par Robin Wright elle même.

Absent de la compétition officielle cannoise, Le Congrès est un chef d’œuvre passé quasi inaperçu sur la croisette. Artiste visionnaire, Ari Folman confirme sa maîtrise incroyable du film d’animation, et démontre par ailleurs ce dont il est capable avec un sujet mis en abîme, où l’acteur n’est plus, où l’humain survit. L’iranien a su s’imposer, nous bluffer, et nous mettre au tapis face à une expérience enivrante d’une ampleur démesurée.

Jeremy S.


Robin Wright

mardi 23 juillet 2013

Monstres Academy - Dan Scanlon



Réalisé par Dan Scanlon
Ecrit par Robert L. Baird, Daniel Gerson, Dan Scanlon
Produit par Pixar Animation Studio
Avec les voix de : Billy Crystal, John Goodman, Helen Mirren, Steve Buscemi
1h44
Sortie : 10 juillet 2013

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Etudiants attardés



Parmi les films d’animation de 2013, Monstres Academy se faisait attendre. Essentiellement car n’étant pas une suite au génialissime Monstres & Cie (2002), mais un préquel, qui annonçait déjà l’originalité du projet conduit par Dan Scanlon, scénariste du divertissant Cars. Plus de dix ans après l’original, on peut aisément imaginer que seul les bambins trouveront quelque chose à se mettre sous la dent.

Certains y verront une inventivité exemplaire, quasi similaire au premier volet. Cessons d’être aveugle, et décortiquons de plus près ce scénario naïf et académique, aux nombreuses scènes d’une redondance agaçante. A quoi peuvent donc ressembler Bob et Sulli à l’université ? A pas grand chose, malheureusement. Il faut faire peur pour se faire accepter, et cela suffit. Où Dan Scanlon a-t-il voulut nous emmener en nous montrant cette ascension sans surprises, prévisible, même pas drôle ? Car l’aspect comique de l’univers initié par Pete Docteur avait le mérite de fonctionner pendant 1h30, ne laissant rien sur le carreau et s’enchaînant à une vitesse délirante. Ici, en 1h45, Scanlon ne relève pas le niveau et régresse tout au long du développement de son scénario d’une platitude effarante.

On aurait aimé découvrir plus longuement Bob Rasowski à l’école maternelle. Cet événement n’est malheureusement utilisé qu’en guise d’incipit, dont l’intérêt à du mal à ressortir par la suite. La rencontre tant attendu avec Sulli, loin d’être l’une des plus belles scène du film, nous laisse sur notre faim. Petit à petit, nous découvrons aussi les futurs collègues de Bob et Sulli, dont l’infâme Léon Bogue, colocataire de Bob. 
De petites idées fleurissent dans tous les coins, mais peinent à surprendre et à émouvoir. Jusqu’au début du concours, où la bande d’amis de Bob (des « loosers » bien entendu…) réussirons coute que coute les épreuves à difficulté croissante. Le dénouement est à ce sens la scène la plus surprenante : c’est elle qui liera à jamais Bob et Sulli, et nous le comprenons au fil d’une escapade dans le monde des humains, brillamment mise en scène. Ouvrir la porte et pénétrer dans la chambre d’enfants, tel est l’idée magistrale de cet univers. Monstres & Cie explorait la frontière, Monstres Academy explore l’adolescence banale des monstres, au final pas si éloignée de la notre. Le lyrisme d’un Wall-E, l’inventivité d’un Toy Story 3, la beauté d’un Là Haut, ces trois mots essentiels au bon film d'animation d'aujourd'hui restent absents. Monstres Academy apparaît néanmoins salutaire, avec un petit et puissant décollage se faisant longuement attendre, annonçant l’un des meilleurs Pixar des années 2000 ; Monstres & Cie, un classique, que nous filerons réviser à la suite de cette déception. 

Jeremy S.

 
Bande à Bob Rasowski
 

vendredi 19 juillet 2013

Top 5 Mi-2013




1. Django Unchained - Quentin Tarantino
2. Mud - Sur les rives du Mississippi - Jeff Nichols
3. Spring Breakers - Harmony Korine
4. La Fille du 14 juillet - Antonin Peretjatko
5. Shokuzai 1 & 2 - Kyoshi Kurosawa



D'entrée, Django Unchained, le dernier film de Quentin Tarantino, a frappé un grand coup sur 2013. Six mois plus tard, ses répercussions sont toujours présentes. Et sans grande surprise, le film arrive en première position de notre Top 5 de la mi-2013. Mais ce n'est que justice. Tarantino nous livre un film exceptionnel ! Scénario en béton, acteurs tous prodigieux , mise en scène inventive, humour grinçant... Le film a tout pour lui. Sûrement le film le plus ambitieux de Tarantino. Nous risquons fort de retrouver le film dans notre top 10 final de l'année 2013.

En deuxième position vient l'émouvant Mud. Après le sidérant Take Shelter, Jeff Nichols nous propose une fable à la Mark Twain sur les rives du Mississippi. Ce film d'une très grande richesse réussit à toucher chacun tant les thèmes traités sont universels : le passage de l'enfance à l'âge adulte, l'amour contrarié, la maturité. Ce film humaniste nous révèle une fois de plus tout le talent de son réalisateur.

C'est la grosse claque de l'année ! Spring Breakers d'Harmony Korine nous a tous remués par son audace, son culot et sa fougue. Cette déflagration cinématographique fut une bouffée d'oxygène dans un cinéma d'auteur bien trop coincé. 

Jolie surprise que cette Fille du 14 juillet. Par son univers décalé, son humour déjanté et sa liberté de ton, le premier long-métrage d'Antonin Peretjatko nous a fait mourir de rire et nous a apporté la poésie cruellement manquante au cinéma français actuel.

C'est Shokuzai qui ferme la marche de ce top 5. Ce diptyque de Kyoshi Kurosawa fut une grande révélation. En plus de quatre heures de film, Kurosawa nous dresse une véritable fresque féminine. D'une profondeur inouïe, toujours juste, le cinéaste nippon soulève de nombreuses questions existentialistes et en bouleversera plus d'un.

La deuxième partie de l'année ne manquera pas de grands films ! The Immigrant de James Gray, Inside Llewyn Davis des frères Coen, A Touch of Sin de Jia Zhang-ke, La Vénus à la fourrure de Roman Polanski, entre autres, sont pleins de belles promesses ! Nous ne manquerons surtout pas le récent palmé La Vie d'Adèle d'Abdellatif Kechiche. L'année risque de finir en beauté avec le déjà sulfureux Nymphomaniac de Lars Von Trier, prévu pour le 25 décembre. On espère voir le prochain Godard d'ici là. Rendez-vous en janvier pour le bilan final !

Top 5 Jeremy S. :

1. Django Unchained - Quentin Tarantino
2. Mud - Sur les rives du Mississipi - Jeff Nichols
3. Spring Breakers - Harmony Korine
4. La Fille du 14 juillet - Antonin Peretjako
5. La Grande Bellezza - Paolo Sorrentino / Shokuzai 1 & 2 - Kyoshi Kurosawa

Top 5 Alexis D. :

1. Spring Breakers - Harmony Korine
2. Django Unchained - Quentin Tarantino
3. Mud - Sur les rives du Mississipi - Jeff Nichols
4. Promised Land - Gus Van Sant
5. Only God Forgives - Nicolas Winding Refn / Antiviral - Brandon Cronenberg

Top 5 Adrien V.

1. La Fille du 14 juillet - Antonin Peretjatko
2. Django Unchained - Quentin Tarantino
3. Shokuzai 1 & 2 - Kiyoshi Kurosawa
4. Camille Claudel 1915 - Bruno Dumont
5. Mud - Sur les rives du Mississippi - Jeff Nichols / The Master - Paul Thomas Anderson

jeudi 18 juillet 2013

Le Grand Méchant Loup - Nicolas Charlet & Bruno Lavaine


Ecrit et réalisé par Nicolas Charlet et Bruno Lavaine
Remake de Les 3 P'tits cochons de Patrick Huard
Avec : Benoît Poelvoorde, Fred Testot, Kad Merad, Charlotte Le Bon...
1h47
Sortie : 10 Juillet 2013

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Cochons d'infidèles !

Connus pour avoir scénarisé le déjanté 99 francs ou pour avoir réalisé La Personne aux deux personnes en 2008, le duo Nicolas et Bruno s'est attaqué au conte des Trois Petits Cochons, en le restituant dans la période actuelle et en le rendant plus adulte dans ces propos, comme ce fut le cas pour Les 3 p'tits cochons de Patrick Huard au Canada.

Philippe (Benoît Poelvoorde), Henri (Fred Testot) et Louis (Kad Merad), qui sont trois 3 frères, sont les 3 petits cochons de l'histoire. Le seul trait qui est tiré du conte réel est la matière des différentes maisons, Philippe vit dans une maison en bois, Henri dans une maison en paille et Louis dans une maison en brique. Comme dans le conte, Philippe et Henri se retrouvent chassés de leur habitation (par le Grand Méchant Loup, ici la figure de la femme) et se réfugient dans la rassurante maison de Louis.

Le film est aussi narré à la manière d'un conte. Chacun des 3 frères racontent sa propre histoire. Ce que le scénario offre d'intéressant est que chaque personnage raconte son histoire d'infidélité (ou de totale fidélité) qui se déroule au moment où leur mère se retrouve à l'hôpital, plongée dans le coma. Lors que Philippe a terminé de raconter son histoire, Henri raconte la sienne qui s'est déroulée au même moment. Il y a donc un système de flashbacks entre les histoires de chaque personnage qui se termine toujours par leur réunion autour de leur mère.

Pour ce qui est du message passé par le film, étant dans une comédie, aucun parti pris radical n'est défendu. Chaque personnage obtient un résultat bien différent suite à son infidélité. Là où le film se moque néanmoins du conte est lorsque qu'il joue avec des faits établis (le "cochon" dans la maison en brique ne souffre pas du Grand Méchant Loup car ses bases sont solides) que le spectateur ne pense pas à remettre en question. L'effet de surprise à lieu lors de la dernière histoire, celle de Louis. Lui aussi est infidèle mais il est simplement assez intelligent (ou pas ?) pour ne pas se faire prendre. Un deuxième effet de surprise intervient lorsque l'on apprend avec qui il batifole.

La comédie française reprend du poil de la bête et capte ce qui fait la force de la comédie américaine tout en gardant un aspect bien français. Aussi réussi que 20 ans d'écart, le film aborde de manière très frontale, très crue mais à la fois poétique les rapports entre adultes notamment les scènes de rendez-vous entre Philippe et sa jeune et pimpante conquête Natacha (jouée parfaitement par Charlotte Le Bon) ou encore la scène finale de coucherie avec Louis.

Alexis D.

Philippe (Benoît Poelvoorde) et Natacha (Charlotte Le Bon)

Patricia (Léa Drucker) et Henri (Fred Testot)

Louis (Kad Merad), Philippe (Benoît Poelvoorde) et Henri (Fred Testot)

mercredi 17 juillet 2013

World War Z - Marc Forster


Réalisé par Marc Forster
Ecrit par Max Brooks, Damon Lindelof, Drew Goddard...
D'après le roman World War Z de Max Brooks
Avec : Brad Pitt, Mireille Enos, Daniella Kertesz, Elyes Gabel...
1h56
Sortie : 3 Juillet 2013

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Et Hollywood détruisit les zombies

Devant le succès ces dernières années des films de zombie, il fallait s'attendre à ce que ce genre soit happé par la machine hollywoodienne. Avec Brad Pitt en sauveur et des effets numériques à outrance, ce film était attendu comme un renouvellement du genre. Malgré certaines scènes très réussies et originales, World War Z transforme le zombie horrifique en pauvre zombie hollywoodien.

Pourtant, la 1ère scène d'émeute laisse présager de bonnes choses pour la suite. Pendant celle-ci, Gerry (Brad Pitt) se retrouve coincé dans la foule avec sa femme et ses enfants. Ces derniers ne savent pas ce à quoi ils ont affaire. Le spectateur voit alors la même chose que notre sauveur international, c’est à dire que l’on ne discerne pas encore les humains des zombies tout en entendant des sons étranges, ce qui a pour effet de laisser le spectateur dans le flou. Dès lors que Gerry se rend compte que les humains se transforment en zombies, cet effet s’estompe. Malheureusement cette bonne scène est contrastée par d’autres vraiment médiocres. Que ce soit celle du générique de début, à savoir l’utilisation des images de journaux télévisés tout en expliquant que l’apocalypse est due à la dégradation de la Terre (procédé que l’on retrouve très souvent, notamment dans les (télé)films apocalyptiques de série B) ou alors la découverte des zombies qui sont cette fois-ci plus véloce et physique que les humains, à la limite de la supercherie (alors que tout le film tente de créer un univers, des causes et des conséquences réalistes).

Le fil conducteur reste cependant inédit. Plutôt que de terrasser les zombies le film montre les humains souhaitant uniquement sauver leur peau. Alors que cet axe paraît intéressant au 1er coup d’œil, il enlève tout le « charme » de la lignée de film initié par Roméro, à savoir l’aspect gore, horrifique. Hollywood se voulant comme une industrie fédératrice et donc familial, elle se doit d’enlever ce détail. World War Z en devient pour le coup un film purement apocalyptique sur fond de zombie et non l’inverse.

Hollywood étant derrière ce film, pas étonnant non plus de retrouver certains discours, notamment un tacle très réfléchi envers la Corée du Nord qui est le point de départ de l’épidémie, et qui utilise une mesure radicale pour l’enrayer (arracher les dents des coréens pour empêcher toute morsure), alors que dans le livre, le foyer de l’épidémie est en Chine. S’en suit une idée assez étrange lors d’une scène à Jérusalem qui finit « zombifiée ».
Un des rares critères qui est respecté dans le film est celui d’une armée (ici américaine) qui dicte sa propre loi (elle fait du chantage avec Gerry pour l’embarquer à l’aventure), c’est ce que l’on retrouve assez régulièrement dans les bons films de ce genre (28 jours plus tard de Danny Boyle en est l’exemple).

Le scénario est bancal par endroit. Alors que l’aspect scientifique de cette maladie n’a aucun intérêt dans World War Z, le film a l’audace d’ouvrir une piste scientifique par l’intermédiaire d’un virologue de l’Université d’Harvard plutôt que de ne pas en parler du tout. Résultat, le virologue, que l’on croit être un élément important du film, ne fera une apparition que de 2 minutes pour dire que la nature est perverse afin de mourir de la manière la plus idiote de l’histoire du cinéma. Se voulant sur tous les fronts, le film offre plusieurs possibilités d’axe mais les referment toute pour ne se concentrer que sur Brad Pitt, qui pour le coup joue très bien son rôle. 


Après avoir ouvert le film sur un générique de mauvaise qualité, quoi de mieux qu’une fin purement bâclé en 10 secondes conclut par un speech se résumant peu ou prou par « cette solution réjouit tout le monde mais n’est que temporaire, il faudra penser à tous les exterminer ». 

Alexis D.

Gerry Lane (Brad Pitt) et Segen (Daniella Kertesz)

Karen Lane (Mireille Enos) et Rachel Lane (Abigail Hargrove)