Réalisé par Zack Snyder
Ecrit par David S. Goyer
Produit par Christopher Nolan
Avec : Henry Cavill, Michael Shannon, Amy Adams...
2h20
Sortie : 19 juin 2013
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Lack of Style
Actuellement, le "reboot" semble intéresser bon nombre de
réalisateurs américains, renommés ou non, dans l’objectif d’une approche
différente de l’histoire d’origine, d’une tentative de modernisation, et bien entendu d'élargissement de son public. Total Recall : Mémoires programmées
de Len Wiseman (2012), Captain
America : First Avenger de Joe Johnston (2011), ou encore The Amazing Spider-Man de Marc Webb
(2012) sont des exemples types de reboots paresseux et ratés, renfermés dans un
académisme détestable. Man of Steel
est un reboot sortant du lot, principalement par la présence de Zack Snyder à
la réalisation et de Christopher Nolan à la production. Avec Snyder et Nolan, ayant
déjà réalisés leur chef d’œuvre (Watchmen -
Les Gardiens (2009) ; The Dark
Knight (2008) nous ne pouvions que supposer un combo parfait pour succéder à
Richard Donner (Superman, 1978) ou Bryan Singer (le décevant Superman
Returns, 2006).
Le premier point commun des deux monsieurs, le plus
attirant, est aussi le plus faible : Henry Cavill. Son nom avait déjà
circulé pour interpréter le rôle du nouveau Bruce Wayne, finalement attribué à
Christian Bale pour la trilogie Batman de Christopher Nolan. Le plus navrant dans
ce Man of Steel est d’abord la
déshumanisation évidente du super héros, par une mise en scène faiblarde
couplée à un scénario long, ennuyeux et prévisible signé David S. Goyer, - deuxième point commun - n’étant autre que le brillant scénariste des Batman de Nolan.
Que s’est-il donc passé
avec Zack ? Où sont les grandes scènes intimistes, les longs flashbacks maîtrisés,
les prenantes scènes d’actions de haute tension … ? La patte Snyder écrase
littéralement l’ensemble du film, essentiellement parce qu’elle est en
pleine mutation. Exit les sublimes ralentis de Watchmen, l’utilisation des décors de Sucker Punch, la noirceur de 300.
Place à l’action pure, aux flashbacks déjà vus, à la caméra portée aux violents
zooms agaçants. Et surtout à un didactisme d’un ennui mortel entrainant de
nombreux décrochages. Car au final, c’est une histoire originale imaginée par
Christopher Nolan et David S. Goyer que nous déroule Zack Snyder. Une histoire basique et manichéenne manquant de profondeur et d’ambition, ne se centrant que sur les
faits et annihilant ainsi une atmosphère noire, celle présente dans The Dark Knight. La situation des habitants
de Krypton face au général Zod ne nous sera malheureusement pas exposé plus de
cinq minutes, fait d'autant plus dommage pour l'artillerie lourde d'effets spéciaux déployée dans cette scène d'ouverture, intéressante mais bien trop courte pour être dignement vécue et appréciée.
Clark Kent (Henry Kavill) |
Si Henry Cavill peine à convenir à l’image du mythe,
le reste du casting est quant à lui un véritable point fort : la première
apparition de Michael Shannon dans un blockbuster impressionne. Amy Adams en
Lois Lane est d’une grande crédibilité. Kevin Costner et Diane Lane remplissent
habilement leurs rôles de parents adoptifs. Ces personnages sont néanmoins
aussi creux que le monde dans lequel ils évoluent, soutenu néanmoins par les
sublimes compositions d’Hans Zimmer, rythmant efficacement les longues
scènes d’action demeurant cependant excessivement longues. Ce troisième homme est clairement le sauveteur du naufrage.
Snyder ose, Snyder s'éclate. S'éloigner de la franchise habituelle est une prise de risque. Man of Steel n'est malheureusement qu'une pathétique régression dans l'univers de Superman, perdante sur beaucoup de plans, mais dont l'originalité et l'ambition ne peuvent laisser indifférent.
Jeremy S.
Clark Kent (Henry Cavill) et Lois Lane (Amy Adams) |