Écrit et réalisé par Damien Chazelle
Festival de Deauville 2014 - Grand prix
Avec : Miles Teller, J.K Simmons...
1h47
Sortie : 24 décembre 2014
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A most violent groove
Il faut souffrir
pour être grand. Vouloir devenir le nouveau Charlie Parker quand on est jeune,
l’esprit naïf, est un parcours semé d’embûches qu’il nous faut éviter de la
meilleure façon possible, résister et y faire face, prendre le contrôle et la
direction du courant. Vous ne rêvez pas, le film de Damien Chazelle (acclamé
comme un chef d’œuvre au dernier festival de Deauville) propose cette vision
poussiéreuse et foncièrement banale de la vie d’un batteur jazzy sur la rampe
de lancement de sa carrière. Le jeune Andrew (Miles Teller, déjà remarqué dans The Spectacular Now, seul et unique
teen-movie potable de 2014), doit défier son « maître tyran »
interprété par l’impeccable J.K Simmons. Ce dernier, ne cherchant rien d’autre
qu’à créer de nouveaux génies, va utiliser ses disciples tels des chevaux de
courses, allant jusqu’à les rendre agressifs comme des chiens de combat (plus
effrayants que ceux de White God, rassurez-vous).
Whiplash n’a en soit aucun problème. Bien
écrit et au propos conséquent, il choisit malheureusement de n’en faire pas
assez plutôt que trop. Jamais le film ne dévie de son objectif, mais au
contraire préfère rester dans une sorte de radicalité modeste, tentant d’instaurer
plusieurs micros climax pour donner la puissance nécessaire aux scènes les plus
dures et attristantes. A force de se répéter, le film acquiert une monotonie
agaçante dont les petites variations ne produiront aucune émotion concrète et
permanente. Lorsque tout semble opter pour du hors-piste à l’image de la
mini love story d’Andrew, Chazelle ne fait que survoler la question et esquive
maladroitement les pièges qu’il se tend. Le message est trop clair et déjà vu
pour convaincre : Andrew doit tout abandonner pour devenir un batteur fils
de Dieu, morfler et saigner à blanc. Toute la mécanique scénaristique qui
pourrait surprendre s’imagine donc avec des temps d’avance, faisant passer ces
moments comme purement artificiels tel que l’accident de voiture ou l’apprentissage
de la mort d’un disciple de Terrence Fletcher.
Reconnaissons néanmoins
que le film commence à se surpasser dans sa toute dernière séquence, d’une force
et d’une jouissance proprement sidérante. Enfin, Andrew attaque avec ses armes : son
jeu de batterie, qui écorche et transperce littéralement Fletcher autant par sa
médiocrité (premier morceau) que sa virtuosité sans égale (dernier morceau).
Nous voilà enfin devant un grand film sur la musique anti démonstratif
repoussant ses limites, dans une exaltation virevoltante de grâce et de volupté
qui confère à Andrew la force impulsive lui donnant tous
les droits. Le jeune cinéaste a adapté l'un de ses courts métrage, et il faut bien avouer
qu’hormis cette belle note finale le résultat dégage une odeur rance et fait de son cinéma ni plus ni moins qu’un instrument à vent.
Jeremy S.
Andrew (Miles Teller) et Terrence Fletcher (J.K Simmons) |
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