Écrit et réalisé par Lana et Andy Wachowski
Avec : Channing Tatum, Mila Kunis, Sean Bean, Eddie Redmayne...
2h07
Sortie : 4 février 2015
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Les Wachs au ski
Duo
d'habiles faiseurs s'étant révélé dans les années 2000, ayant
créé puis imposé leur univers propre aussi riche que profond, les
Wachowski nous avaient confortés dans leur parcours imprévisible avec
le convaincant Cloud Atlas (2013) faisant suite à la trilogie culte
des Matrix et au mal aimé Speed Racer (2008).
Cette jouissive et
illusoire bande annonce ne pouvait rien annoncer de meilleur :
film de science fiction de plus de deux heures se déroulant en
grande partie dans l'espace, sous la forme d'un soap opera remixé et
solidifié par les traits caractéristiques de mise en scène des
cinéastes, maîtres en la matière, pour un blockbuster mainstream
aux nombreuses qualités esthétiques introuvables dans la majeure
partie de la production contemporaine. Rendons nous à l'évidence :
à la vision de cette infâme purge dégoulinante de ridicule, il ne
va pas sans dire que Matrix et Cloud Atlas sont désormais aux
Wachowski ce que Citizen Kane est à l'histoire du cinéma.
Bien
que ludique et kitch en apparence, Jupiter Ascending ne connaît au
grand jamais - comme son titre original pourrait le laisser penser –
un décollage digne de son nom, témoin du renouvellement constant et
prolifique de l'univers wachowskien. L'entreprise ressemble de loin à
celle du pathétique Noé de Darren Aronofsky (2014) mais laisse
supposer néanmoins de belles idées dans les souterrains, nous
tirant par intermittences un sourire honnête dans les premières
minutes, pour finir forcé et évanoui à la fin de ce voyage aussi
impénétrable qu'épuisant. Channing Tatum, bâtard croisé avec un
loup au cerveau de gros poussin, vient reprendre Jupiter à ses
assaillants en patinant dans l'atmosphère tel lors d'un championnat
de sports d'hiver. On pense évidemment à un scénario bollywoodien,
bien que ce dernier vise souvent à produire de l'hilarité au
détriment du sérieux de sa réalisation. On peine à trouver un
second ou troisième degré ici, gentiment terrifié par la voix
glaçante de Balem Abrasax (Eddie Redmayne) ou plié en quatre devant
Jupiter entourée d'abeilles se prenant pour la Rachel MacAdams d'A
la merveille. Un nombre incalculable d'éléments inutiles se
déploie, ces derniers présents uniquement pour masquer la débilité
du scénario comme la mollesse de l'intrigue principale. Mila Kunis
fringuée comme une divergente (comment ne pas penser à
Tris/Shailene Woodley?) ne fascine pas pour autant (l'époque
Trinity/Carrie Anne Moss semble révolue) et campe un rôle d'un
inintérêt déconcertant.
Ajoutons
à cela la bande son de Michael Giacchino, peu inspirée et aussi
bruyante que les moteurs des vaisseaux. Les combats demeurent quant à
eux chorégraphiés à l'image des Matrix, mais ne trouvent nullement
leur place dans cette bouillie périmée et montée à un rythme
beaucoup trop rapide pour immerger. Une vaste blague inoffensive mais
terriblement décevante pour ce duo suivi aussi bien des cinéphiles
aguerris que du grand public. Le destin de l'univers, peut être.
Celui des Wachowski, ne l'espérons pas.
Jeremy S.
Jupiter Jones (Mila Kunis) et Balem Abrasax (Eddie Redmayne) |
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