Ecrit et réalisé par Terrence Malick
Avec : Ben Affleck, Olga Kurylenko, Rachel McAdams, Javier Bardem
1h52
Sortie : 6 mars 2013
6/10
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Les reflets de l'amour
Pour notre plus grand plaisir, Malick a
décidé d’accélérer la cadence. Deux ans après le magistral The
Tree of Life, Malick revient sur les écrans avec A la merveille.
Disons-le tout de suite, le film est un decrescendo face à son aîné
palmé de 2011.
Mais une baisse de nuance ne veut pas
dire une baisse de qualité. Malick ne réduit pas ses ambitions. Là
où il cherchait à saisir le sens de la vie dans The Tree of Life,
Malick tente d'approcher le mystère de l'amour dans A la merveille.
L'intrigue se concentre sur un couple, Neil et Marina, qui, après une idylle au Mont Saint-Michel, voient leur couple battre de
l'aile. A cela s'ajoute l'histoire du prêtre Quintana en proie à des
doutes sur sa foi.
Comme dans The Tree of Life, Malick relie ses
personnages à l'universel. Les crises de chacun sont l'occasion d'un
questionnement sur l'amour et la recherche de cet amour. Amour de
l'autre, amour de Dieu, même combat. Malick donne une dimension
spirituelle à cet amour. Le choix du Mont Saint-Michel pour prélude
à la relation entre Neil et Marina n'est pas anodin. Lieu entre ciel
et terre, Malick nous affirme que l'amour a une dimension verticale
et mystique. Ainsi, le film ne peut se terminer que par un plan du
Mont Saint-Michel, métaphore des liens qui unissent deux entités,
médiation entre le profane et le sacré.
A la merveille ne présente pas
d'intrigue classique. Le projet du film est plutôt de peindre des
sentiments. Si la caméra de Malick est aussi expressive, frôlant
parfois le maniérisme, c'est pour mieux épouser, non pas l'action,
mais l'émotion des sujets filmés. Le film se donne comme une
introspection. Les voix-off incessantes mettent au second plan les
dialogues. Les protagonistes conversent avec l'autre par leur
conscience. Malick associe l'histoire personnelle à des enjeux
cosmiques. L'Homme est en constante communication avec une force
supérieure : l'amour ou Dieu (soit la même chose).
Si le film est fortement cohérent dans son propos,
on regrettera l'absence de direction claire et fixe. Malick, par
moment, si il sait ce qu'il veut dire, ne sait plus trop comment le
montrer et le film souffre d'un manque de structuration. Malick, en
faisant l'esquisse d'un sentiment aussi fort que l'amour, prend le
risque de perdre son spectateur en chemin.
Mais le discours l'emporte
sur la manière. Malick donne à son film un aspect quasi
néo-platonicien. L'amour est la recherche de la complétude et d'une
idée de Beau, de Bien, de Vérité. Le monde devient l'empreinte,
l'écho déformé de cette volonté de perfection. Le montage d'A la
merveille ne cesse d'associer les protagonistes à la Terre et aux
éléments naturels, vestiges de l'amour. Ce besoin d'harmonie avec
l'autre, dans le couple ou avec Dieu, témoigne d'un besoin
d'harmonie avec le monde. L'amour est volonté d'unification,
aspiration à l'Un. Le Mont Saint-Michel, le couple, la communion
avec Dieu sont de multiples exemples de cette équation tant désirée
par chacun qu'est 1+1=1.
Adrien V.
Neil (Ben Affleck) et Jane (Rachel McAdams)
Père Quintana (Javier Bardem) et Marina (Olga Kurylenko)
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