Réalisé par Pablo Larraín
Ecrit par Pedro Peirano
D'après la pièce Le Référendum d'Antonio Skarmeta
Avec : Gael Garcia Bernal, Luis Gnecco...
1h57
Sortie : 6 mars 2013
7/10
-
Cámara política
Avec
son quatrième long métrage, Pablo Larraín clôt sa magnifique trilogie sur le
Chili des années soixante dix et quatre vingt sous l’emprise du dictateur
Augusto Pinochet. Ce troisième et dernier film nous expose une campagne
publicitaire assez originale : la campagne du No. Pinochet, devant mettre en place un référendum à propos de sa
maintenance au pouvoir pour encore plusieurs années, va se faire des ennemis, conduits
par un parti opposant extrêmement rusé.
Synopsis : Chili, 1988.
Lorsque le dictateur chilien Augusto Pinochet, face à la pression
internationale, consent à organiser un référendum sur sa présidence, les
dirigeants de l’opposition persuadent un jeune et brillant publicitaire, René
Saavedra, de concevoir leur campagne. Avec peu de moyens, mais des méthodes
innovantes, Saavedra et son équipe construisent un plan audacieux pour libérer
le pays de l’oppression, malgré la surveillance constante des hommes de Pinochet.
Cette
fois ci Pablo Larraín s’entoure d’un grand acteur mexicain du moment, Gael
Garcia Bernal (remarquable chez Pedro Almodovar dans La mauvaise éducation, ou encore en Che Guevara chez Walter
Salles). Il interprète René Saavedra, le chef publicitaire qui va tenter de
rassembler (et de créer) des partisans du No,
dans le but de mettre fin au mandat d’Augusto Pinochet. Si l’on connaît
déjà le fin mot de l’histoire en entrant dans la salle, le film de Pablo
Larraín, possédant des défauts mineurs, parvient à captiver son public et à le
faire prendre part lui aussi à la campagne du No. Bien plus qu’une simple démonstration, No entre aussi dans la catégorie de « film
témoignage » par la solidité de sa mise en scène et son grand discours sur
toute une génération. L’analogie avec un film du mois précédent, Lincoln de Steven Spielberg, peut se
faire remarquer : chez Spielberg, nous nous intéressions à la chambre
politique, et chez Larraín, c’est la
chambre d’un parti politique que nous sommes invités à découvrir.
Larraín
a décidé, pour rester dans les tons de l’époque (fin des années quatre vingt),
d’ajouter une texture particulière à son image, rappelant la télévision de ces
années là (également visible par le format en quatre tiers). La caméra à
l’épaule nous fait aussi penser à une caméra de reportage (et donne également
un aspect documentaire, incontournable dans ce genre de film). Nous avons
constamment l’impression d’être devant un reportage télévisé datant d’il y a
vingt ans, et cette touche de réalisme vient renforcer tout notre intérêt pour
cette histoire à l’apparence banale, et surtout non écrite à priori pour un
long métrage. C’est peut être sur ce point précis que No déçoit : nous ne sommes pas à l’abris de certaines longueurs.
Sa mise en scène, au bout d’une heure de film, finit par s’étirer inutilement et
alourdit considérablement cette histoire politique, bien que Larraín nous
divertisse quand même avec des extraits d’émissions de ces années,
particulièrement drôles. Bien plus que de montrer une simple campagne, No souligne également le rôle et la
place des « mass medias » dans la société de la fin des années quatre
vingt, en adoptant un recul assez juste et pertinent.
Le
final est sans doute l’un des meilleurs moments : anti hollywoodien, sans
suspense, sans cris de joie soudain, avec un Gael Garcia Bernal pessimiste ne croyant
pas à la victoire dans l’immédiat, No
ne tombe jamais dans le cliché attendu, et surprend, autant par la simplicité
de son scénario que par la justesse du jeu de Gael Garcia Bernal, jamais dans
l’excès. Son personnage étant suffisament développé, du fait de la présence de quelques
scènes de vie privée avec sa famille. Dans la bonne humeur, Pablo Larraín nous
met en lumière une partie de l’histoire politique du Chili assez méconnue en
France, en nous offrant une œuvre libre pleine d’humanité, avec un traitement plus
ou moins original parfaitement accessible.
Jeremy S.
René Saavedra (Gael Garcia Bernal)
Manifestation contre Augusto Pinochet
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire