Blancanieves - Pablo Berger

Ecrit et réalisé par Pablo Berger

D'après l'oeuvre Blanche Neige des frères Grimm

Avec : Macarena Garcia, Maribel Verdu, Daniel Gimenez-Cacho...

Musique originale : Alfonso de Vilallonga

1h44

Sortie : 23 janvier 2013

8/10

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Olé !

Alors que 2 films sortis courant 2012 reprenant le Blanche Neige des frères Grimm que sont Blanche Neige de Tarsem Singh (presque réussi et assez fidèle à l'oeuvre) et Blanche Neige et le chasseur de Rupert Sanders (celui qui a fait plus parlé de lui pour adultère que pour le contenu assez médiocre du film), un 3ème film pointe le bout de son nez, malheureusement discrètement. Bien qu'éloigné de l'histoire originale et s'imposant quelques "contraintes" (muet, noir et blanc), ce film met en scène une magnifique histoire.

Synopsis : Sud de l'Espagne, dans les années 20. Carmen est une belle jeune fille dont l'enfance a été hanté par une belle-mère acariâtre. Fuyant un passé dont elle n'a plus mémoire, Carmen va faire une rencontre insolite : une troupe ambulante de nains toreros qui va l'adopter et lui donner le surnom de "Blancanieves". C'est le début d'une aventure qui va conduire Carmen/Blancanieves vers elle-même, vers son passé, et surtout vers un destin à nul autre semblable.

Pablo Berber revient, après le très « Almodovarien » Torremolinos 73, avec cette libre adaptation du conte de Blanche Neige qu'il transpose en muet noir et blanc. Alors que The Artist de Michel Hazanavicius reprend une esthétique du cinéma muet hollywoodien, ce film prend le parti de tourner avec les techniques actuelles (caméra à l'épaule, mouvement très brusques par exemple pendant la scène de danse). Pari vraiment réussi, 1H44 sans décrocher. 

Si le film fonctionne si bien c’est sans doute grâce au scénario écrit par Pablo Berger lui-même. Il ne s’agit pas de l’histoire de Blanche Neige comme on pourrait le croire, mais de l’histoire d’UNE Blanche Neige. Celle-ci ce nomme Carmen (Carmencita pendant son enfance) et est jouée par Macarena Garcia (l’âge adulte), qui effectue une performance sublime. Elle trouvera sur son chemin des nains torreadors (qui sont déjà présent en coup de vent dans son 1er film) qui vont la nommer Blancanieves suite à une perte de mémoire de cette dernière, qui a par conséquent oublié son nom. L’histoire de Blanche Neige est donc sciemment assimilée par les personnages du film. Si le personnage de Carmen est formidable, celui de l'abominable belle-mère, nommée Encarna et jouée par Maribel Verdu l'est tout autant. A côté d'elle, les rôles de Julia Roberts et Charlize Theron font bien tâches. Encarna est démoniaque, antipathique, elle énerve le spectateur qui ressent la même chose que Carmen. Ce qui mène à sa perte est très bien amené par Berger. Alors qu'il pourrait exagérer sa laideur sur la fin du film, il la présente de manière plus subtile.

Carmen / Blancanieves (Macarena Garcia)

Un des éléments important du film est la corrida, et plus particulièrement la relation torreador / taureau. Ce dernier pourrait être considéré comme le chasseur de Carmen. C'est lui qui détruit sa famille, puis c'est lui qui se "range" de son côté en s'attaquant à la belle-mère. Alors qu'aujourd'hui la corrida fait débat, Pablo Berger réussi à ne jamais montrer de violence sur les taureaux : soit ils sont vainqueurs, soit vaincu mais hors-champ, soit gracié. Il  s'affranchi de ce débat qui n'a pas sa place dans le film, ce qui est une bonne chose.

Enfin, l'esthétique. Celle ci est très foisonnante, riche. Il reprend des techniques utilisées dans les films muets de l'époque tels que la surimpression et mélange cela avec l'esthétique actuelle de la caméra à l'épaule. Symbiose parfaite pour un film qui l'est tout autant. Etant face à un film muet, on ne peut passer à côté de la bande sonore. Composée par Alfonso de Vilallonga, elle est à la hauteur du reste du film. Tout est travaillé en fonction de l'image et se trouve en totale adéquation avec cela. Pas un détail n'échappe à Pablo Berger et son équipe qui nous permettent de voir ici un grand film.  

Alexis D.

Encarna (Maribel Verdu)