Ecrit et réalisé par Axelle Ropert
Avec : Louis Bourgoin, Cédric Kahn, Laurent Stocker...
1h42
Sortie : 4 septembre 2013
-
L'amour rétro
Que penser en remarquant Louise Bourgoin à l’affiche du
nouveau film de la jeune Axelle Ropert ? Probablement la même chose
qu’avec François Damiens dans La famille
Wolberg, premier film de la cinéaste, d’une fraicheur absolue et inattendue
au tournant du cinéma français contemporain.
Tirez la langue,
mademoiselle continue dans le même registre, explore la même idée tout en
l’approfondissant : conter une histoire simple et charmante, dans une mise
en scène et un jeu d’acteur libellée d’ancien grand cinéma français (François
Truffaut, Eric Rohmer, Louis Malle…). Une œuvre rétro, ce nouveau film l’est
davantage que le précédent : décidant de scénariser une histoire qui
pourrait avoir lieu cinquante ans auparavant, Axelle Ropert prend le parti pris
de filmer selon ses goûts et ses observations. La définition d’un film
d’auteur ? Pas seulement.
Boris et Dimitri Pizarnik, deux frères médecins, s’éprennent
de la même femme (Louise Bourgoin, mère d’une petite fille étant leur patiente).
La trace de Jules & Jim se fait
de suite ressentir, tout comme celle d’Eric Rohmer dans la picturalité de
certains décors et éléments du cadre (omniprésence du bleu, couleurs pastel
rappelant Les Nuits de la pleine lune).
La complexité scénaristique de la famille Wolberg (fait normal pour un premier
film, en particulier avec l’aide de son compagnon Serge Bozon) laisse place à
un simple triangle amoureux teinté de mélancolie comme de tristesse mais aussi
de joie et de drôlerie. Ainsi, nous ne saurons pas vraiment si les malades le
sont réellement ou si les deux médecins sont véritablement compétents. Tout
comme leur passé totalement obnubilé. Tirez la lange, mademoiselle est un film
au jour le jour, que nous suivons avec le sourire guettant le grand climax
attendu mais qui finalement se déclare anti spectaculaire, anti académique, mais bouleversant.
Judith (Louise Bourgoin) |
La principale réussite d’Axelle Ropert, c’est d’abord cette
nouvelle Louise Bourgoin, apparaissant comme une lumière dans chaque plan
sombre. L’ancienne miss météo ou fille de Monaco se révèle comme une
grande actrice française et trouve ainsi son meilleur rôle de cinéma. Le jeu
d’acteur, demeurant classique à l’opposé de la modernité présente sous autres
aspects du film, n’en est pas moins puissant et terriblement réaliste, oscillant
entre Maurice Pialat et Claude Miller. Tendant constamment vers un dénouement
banal et inintéressant, le final surprend agréablement.
Sans
être un souffle unique dans le cinéma français en crise aujourd’hui, ce petit
film apporte beauté et réconfort, tout en nous rappelant que de jeunes auteurs ne tombent pas dans ce naturalisme contagieux, en particulier de prometteuses
réalisatrices.
Jeremy S.
Dimitri (Laurent Stocker) et Boris (Cédric Kahn) |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire