Écrit et réalisé par Cédric Klapisch
Avec : Romain Duris, Audrey Tautou, Kelly Reilly, Cécile de France...
1h54
Sortie : 4 décembre 2013
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Casse-gueule new-yorkais
Huit bonnes
années que nous attendions avec impatience le fameux destin de Xavier et sa
« VDM (Vie de Merde) », après le séjour dans L’Auberge
Espagnole (2002) et le road movie en compagnie des Poupées russes (2005). À trente ans, Xavier demeurait toujours
célibataire, sans boulot convenable ni désir de vivre pleinement sa vie à
l’instant T. Les Poupées russes
s’était conclu sur sa mise en couple avec l’anglaise Wendy (Kelly Reilly), et
l’espoir d’une vie sur un long fleuve tranquille. Si Klapisch a décidé de réitérer une
nouvelle fois cette aventure casse gueule, l’option de l’épilogue n’en est
malheureusement pas la plus grande raison. Casse-tête
Chinois, comme Les Poupées russes,
souffre d’un évident relâchement scénaristique apportant bien de la pauvreté à
une histoire riche en apparence. Dans L’Auberge
Espagnole, Xavier découvrait le bonheur de la vie en Erasmus auprès de ses
rencontres avec ses colocataires. Klapisch nous racontait alors l’épisode
éphémère de toute jeunesse, prenant soin de ne jamais trop partir dans la
loufoquerie et le délire plombant l’identification à ses personnages.
Martine (Audrey Tautou) et Xavier (Romain Duris) |
Le fait que Romain Duris ait pris des
rides et se soit changé en « homme » ne justifie nullement
l’apparence des deux autres épisodes par ces tristes couleurs fades. Le plus
regrettable est sans doute cette surprenante distanciation créée avec Xavier
Rousseau. Au plus près de ses conquêtes féminines, nous assistons à une
recherche que l’on devine d’emblée totalement vaine de la femme idéale pour sa
vie de scénariste. Ce troisième épisode new-yorkais ne se contente que de
répéter le précédent, en agrémentant davantage les références contemporaines,
comme l’arrivée de nouveaux personnages totalement ringards et inintéressants (notamment
la nouvelle copine d’Isabelle interprétée par Flore Bonaventura).
Le cinéaste a quand même le mérite
d’échapper à un banal film sur la crise de la quarantaine comme Judd Apatow (40 ans mode d’emploi) ou Richard
Linklater (Before Midnight, grand
film restant cependant sérieux) en proposant une œuvre déjantée dans une forme
plastique se révélant (du moins au début) assez surprenante pour une comédie
aussi populaire. Écritures en travers du cadre, stop motion, animations,
cartons, une multitude d’éléments nous sautent aux yeux sans pour autant
révolutionner la narration demeurant pendant deux courtes heures d’une
platitude agaçante. Le nouveau mariage de Xavier avec une asiatique, ou
l’arrivée finale de Martine (Audrey Tautou) à New York sont de faux
retournements précisément car ils restent incohérents dans un film qui l’est
déjà. Un caractère autobiographique peut-il émerger? Si l’on sait que Klapisch
a effectivement vécu quelques années aux Etats Unis, son goût pour la ville de
New York et ses personnages n’est jamais explicite (le nouveau mari de Wendy
est un américain stéréotypé au cerveau totalement vide). La direction que prend
le film ne ressemble justement pas à un casse-tête,
empêchant de nous retrouver perdu comme Xavier dans notre posture de simple
spectateur face à une comédie se voulant réflexive. Klapisch se révèle en somme
infiniment plus intéressant dans ses subtiles comédies en huis-clôt (Un air de famille) que dans la
loufoquerie en plein air. Un coup de vent pas désagréable, mais finalement très
paresseux.
Jeremy S.
Isabelle (Cécile de France), Xavier (Romain Duris), Wendy (Kelly Reilly) et Martine (Audrey Tautou) |
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