Réalisé par Matt Reeves
Écrit par Rick Jaffa, Amanda Silver, Mark Bomback
Avec : Andy Serkis, Jason Clarke, Keri Russel, Gary Oldman...
2h11
Sortie : 30 juillet 2014
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Guerre : les origines
Les yeux de César. Premier et ultime plan
de cette suite du préquel débuté par la
Planète des singes : les origines de Rupert Wyatt en 2011. Un visage
ravageur, colérique, exprimant à lui seul la noirceur de ce nouvel épisode.
Les trois quarts de la planète Terre ne
comportent plus d’humains. Un groupe de résistants de San Francisco tente de
communiquer avec l’espèce en majorité : des singes vivant comme des hommes
à la préhistoire. Ils doivent rétablir le courant électrique au sommet d’un
barrage pour toute la ville. « L’affrontement » du titre ne se révèle
pas sans surprises : nous assistons en effet plutôt à des discussions
diplomatiques entre les deux espèces. Les scénaristes donnant la parole aux
singes par le langage des signes, la traduction de cette intelligence en sérieuse
progression parvient à effrayer, déranger, créant ainsi des séquences partagées
entre un humour noir grandissant (cf les attaques de Koba) et un sérieux à la
limite du pompeux. Un manichéisme quelque peu agaçant à l’intérieur des deux
clans est rapidement dévoilé, sans pour autant prédire la tournure des
évènements futurs.
Matt Reeves (connu essentiellement pour
le médiocre mais intéressant Cloverfield)
a cependant le mérite d’explorer plus en détails que le précédent opus les
relations internes et externes d’une minorité humaine, face aux résultats de
leurs expériences abusives. Un portrait quasi similaire des singes et des
hommes se dresse ainsi : des traitres, des gentils, des méchants, de la
violence, de la provocation, empêchent la cohabitation semblant finalement dans
une impasse et impossible à tout jamais.
Le film d’action et de guerre suggéré
dans le long métrage survient ainsi après quatre vingt dix minutes délicieusement latentes, lors d’un climax prévisible sans pour autant représenter une guerre
de destruction massive (beaucoup d’hommes se font emprisonner). À cela s’ajoute
une 3D repoussante, assombrissant ironiquement la vie de l’espèce humaine qui l’est
déjà bien assez. Côté casting, Jason Clarke et Keri Russel forment un beau duo « à
la Jurassic Park » participant activement à la survie de César, voyant en
lui le grand ancêtre sauveur de l’humanité. Le discours de La Planète des singes : l’affrontement ne cherche aucun détournement
ni surenchère et exagération dans ses idées exprimées : si la nature se
retourne contre nous, nous sommes, quoi qu’il advienne, à genoux et soumis à
une intelligence non artificielle créée de nos propres mains. Il n’est pas
anodin d’y discerner une brillante allégorie du racisme, d’un comportement
humain défaillant et égocentrique non présent dans la communauté de César. Eux
sont, selon lui, une seule et même famille. Voir cela dans un blockbuster d’aujourd’hui
(même s’il présente quelques imperfections) relève d’un petit exploit. La
guerre est déclarée, pour le meilleur et pour le pire.
Jeremy S.
Koba (Toby Kebell) et César (Andy Serkis) |
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