Ecrit et réalisé par James DeMonaco
Avec : Ethan Hawke, Lena Headey, Max Burkholder, Adelaide Kane...
1h26
Sortie : 7 août 2013
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Le
cauchemar spectatoriel
Très attendu cet été, notamment grâce à son idée de base, à savoir organiser une nuit où tout est permis afin de se « purger » (extirper ses mauvaises pensées, relâcher toutes sa haine) American Nightmare est une terrible désillusion. Alors que cette idée de purge (martelé dans toutes les publicités) aurait pu donner lieu à un discours philosophique très construit, le film se révèle d’une grande platitude, préférant jouer sur différents genres : le thriller, l’horreur et « sous-genres » (en aucun cas péjoratif ici, employé simplement comme hiérarchisation) tels que l’épouvante et le slasher.
Quand bien même l’idée de
voir du contenu avec un fond complexe se dissipe, on pense que les différentes
émotions tels que la peur et l’angoisse prendront le dessus et feront passer un
moment agréable. Or il n’en est rien, à trop vouloir surfer entre le thriller
et les différentes catégories du cinéma d’horreur, American Nightmare finit par ne ressembler qu’à un vulgaire
patchwork.
L’exposition du film laisse
présager une continuité intéressante. James DeMonaco nous fait tout d’abord
dans l’univers du thriller, qui agrémenté du huit clos (puisque la famille
Sandin reste cloitrée chez elle afin d’éviter la purge) provoque un réel
sentiment d’angoisse, d’étouffement. C’est après cela que le film dégringole.
Il y a d’innombrables éléments qui sont soit caricaturaux soit totalement
simpliste. Tout d’abord le personnage de Charlie Sandin (le fils de James
Sandin joué par Ethan Hawke). James DeMonaco souhaite en faire un personnage
difficilement cernable (presque angoissant), à l’instar des enfants que l’on
retrouve dans les films de la fin des années 90 (Code Mercury de Harold Becker ou Le Sixième Sens / Signes
de M. Night Shyamalan). Ce jeune enfant (sur)doué n’est qu’une vulgaire copie
de ces prédécesseurs, donnant envie au spectateur de le voir participer à la
purge plutôt que d’être protéger.
Pour rester dans le manque de
relief des personnages on peut noter l’absence de subtilité du réalisateur
lorsqu’il nous présente les voisins de cette charmante famille typiquement
américaine. Il glisse une phrase qui semble montrer que les voisins ont une
dent contre eux, ce qui se révèlera exacte par la suite. Ou encore le petit ami
de la fille d’Ethan Hawke qui, en ayant marre de se cacher (car en bon
puritain, Ethan Hawke préfère voir sa fille réussir sa vie professionnelle et
artistique plutôt que de batifoler) décide de tuer le père de son amie. Cet
exemple montre réellement que le réalisateur est totalement à côté de son
sujet. Pour que l’horreur fonctionne il faut créer des bases qui soient
crédibles, tuer un père pour sortir avec sa fille ne l’est pas.
Que les personnages soient
mal développés est déjà consternant, que le scénario soit lui aussi mauvais est
une aberration. Pour resituer dans le film : la famille Sandin, protégée
chez elle par des systèmes de sécurité fabriqués par Mr Sandin, laisse entrer
un SDF traqué par une horde de jeunes masqués. Ces derniers ordonnent à la
famille de leur livrer cet SDF sous peine de détruire leurs systèmes de
sécurité et de tous les tuer. Le SDF s’étant caché dans la maison, la famille
Sandin part à sa recherche. Que trouvent de mieux à faire les jeunes pour les
aider ? Eteindre les lumières ! Associer ce cliché au fait que la
famille elle-même arrive à se perdre dans sa propre maison et vous avez devant
vous une scène des plus risibles.
Pour donner le coup de grâce
à ce film pitoyable le slasher (ou plutôt le dérivé de ce qu’il en fait) est
lui aussi inexistant. Alors que le slasher implique normalement un homme,
masqué, massacrant un groupe (comme c’est le cas dans Scream par exemple), James DeMonaco introduit lui plusieurs hommes
masqués. On pourrait alors penser qu’il y aura X fois plus de mort, et bien
non. A part un personnage que l’on a pu suivre dès l’exposition, les seuls
personnes périssant sont du côté des personnages masqués (auquel le spectateur
ne s’identifie pas, donc n’éprouve absolument aucun ressenti).
Seul véritable point positif
de ce film, la présence d’Ethan Hawke, jouant aussi dans le précédent (le 1er)
film de James DeMonaco. Très bon dans son rôle de père de famille vivant le
rêve américain, sa prestation ne parvient pas à rehausser le niveau du film.
Heureusement, son association avec les réalisateurs Richard Linklater et Andrew
Niccol (dans sa période avant Les Âmes Vagabondes) permet de le voir dans
des films à la hauteur de son talent.
Alexis D.
James Sandin (Ethan Hawke), Mary Sandin (Lena Headey)
et Charlie Sandin (Max Burkholder)
Le groupe participant à la purge
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