Ecrit et réalisé par François Ozon
Festival de Cannes 2013 : Compétition Officielle
Avec : Marine Vacht, Géraldine Pailhas, Frédéric Pierrot
1h34
Sortie : 21 août 2013
-
Survol
Bon accueil au 67ème
festival de Cannes, succès public et critique, le 14ème long métrage
de François Ozon parait, aux premières apparences, avoir franchit un nouveau
pas. Le réalisateur de Huit Femmes et
de Sous le sable ne cache pas le principal
élément de sa réussite : Marine Vacht, mannequin tout droit sorti d’une
publicité pour Cartier. Étant la grande surprise du film, l'actrice n’est
malheureusement que le fait pleinement marquant dans ce nouveau film plat et
académique.
Le scénario laisse vite présager
une histoire à la Belle de Jour de
Luis Bunuel (1967) mais tire finalement vers le drame social/familial déjà vu
et devenant rapidement ennuyeux. Si le cinéaste ne cache pas son admiration
pour le maestro espagnol, l’histoire d’Isabelle manque surtout de conflit, de
force, et plus encore de sortie des champs battus. À l’heure où le cinéma
français populaire va mal et ne produit que des marchandises mal écrites et
intolérablement naturalistes, c’est avant tout ce que l’on souhaite éviter. Jeune & Jolie, sans faire partie de
cette seconde classe, est un film paresseux, non motivé, n’osant pas montrer
frontalement son sujet, en le survolant comme si le registre fictionnel ne
pourrait jamais se transformer en registre lyrique ou même documentaire.
Racontée linéairement sur quatre saisons, avant, pendant, et après la
prostitution d’Isabelle, Ozon prend le risque de perdre ses spectateurs avides
de grandes émotions et de surprises permanentes. À l’inverse de l’excellent Sous le sable, Jeune & Jolie ne cache rien, ne mène pas sur de fausses pistes,
et se contente de suivre un chemin tout tracé.
Sylvie (Géraldine Pailhas) et Isabelle (Marine Vacht) |
Des lycéens lisant sagement des
poèmes de Rimbaud en cours de français, à la famille sur-stéréotypée en passant
par une enquête policière venant boucher plusieurs trous du récit, des éléments
du scénario apparaissent comme inutiles, dans le sens où il faudrait que la
jeune et jolie Isabelle soit recontextualisée dans une réalité alternative à la
nôtre. La mise en scène du cinéaste ne sauve pas ces défauts agaçants : là
où les fameuses scènes de sexe devraient choquer son public, Ozon ne décolle
pas d’une base déjà posée dans les rares scènes où Marie faisait l’amour avec
son amant dans Sous le sable (on
retrouve une prise de vue très similaire). Ce dernier point étant d’autant plus
étrange quand le cinéaste déclare avoir réfléchit longuement à la manière de
filmer ses scènes.
Jeune & Jolie peut aussi être vu comme « film somme »
de tout le cinéma de François Ozon. Que ce soit Robe d’été (court métrage du début de sa carrière) ou Sous le sable (le second rôle de
Charlotte Rampling et le plan final s’y retrouvent), beaucoup d’éléments de ses
films antécédents refleurissent. Cette dernière œuvre paresseuse et d’un
classicisme caricatural aura cependant du mal à hanter les esprits, malgré
l’interprétation sublime de Marine Vacht (futur espoir féminin aux Césars, on
est prêt à parier) et son sujet alléchant tendant tristement vers un traitement
plus que décevant.
Jeremy S.
Isabelle (Marine Vacht) |
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