Réalisé par James Marsh
Ecrit par Tom Bradby
D'après le roman de Tom Bradby
Avec : Andrea Riseborough, Clive Owen, Gillian Anderson...
1h42
Sortie : 6 février 2013
7/10
Cinéaste documentaire à la base,
James Marsh réalise ici sa première fiction. Situant son film dans le contexte
de l’IRA (l’armée républicaine Irlandaise), Marsh nous livre un grand film
d’espionnage virtuose.
Synopsis : Collette, jeune veuve, est une républicaine, vivant à
Belfast, avec sa mère et ses frères, de fervents activistes de l’IRA. Suite à
son arrestation après un attentat avorté au cœur de Londres, Mac, un agent
secret du MI5, lui offre le choix : passer 25 années en prison et ainsi perdre
ce qu’elle a de plus cher, son fils, ou espionner sa propre famille. Elle
décide de faire confiance à Mac, et retourne parmi les siens…
Le premier aspect remarquable est
tout d’abord l’atmosphère dans lequel nous plonge James Marsh et Rob Hardy (son
chef opérateur) : comme Thomas Alfredson dans La Taupe (2012), le milieu glacial où se déroule l’intrigue
rengorge de mystères, de manipulations, de secrets, de meurtres ; en
Irlande, où plane constamment une couche épaisse de nuages dans un ciel
grisâtre. Dès les premières secondes, le spectateur est inquiet, et commence à
se poser toute sorte de questions. Dont il n’aura les réponses qu’au final
terrassant. Le suspense dans lequel nous embarque James Marsh est difficilement
soutenable. En atténuant l’aspect politique de l’intrigue, tout coule de
source. Jamais bavard, jamais muet, les situations périlleuses dans lesquelles
nous sommes par moment embarqués n’alourdissent pas le film et captivent toute
notre attention (ce que ne parvenait pas à faire en continu Thomas Alfredson
dans La Taupe). Les scènes où se
retrouvent Collette (Andrea Riseborough) et Mac (Clive Owen) en bord de mer
sont magnifiques et pleines de surprises.
A cela s’ajoute l’époque et le
contexte historique des années 70 et 90. Le portable n’existe pas et tout se
fait dans les cabines téléphoniques ou à la maison. Et surtout, les murs ont
des oreilles.
Le personnage central est
féminin. Pas très courant dans les grands films d’espionnage, ou alors
totalement « ratée » dans certains (Salt de Philip Noyce (2010) ). La petite nouvelle se nomme Andrea
Riseborough. Elle interprète Collette, une jeune femme extrêmement vivante,
profonde, et émouvante. C’est le minimum pour créer un bon personnage, mais
James Marsh va bien au delà. Andrea Riseborough fait partie de tous les plans
et porte le film sur ses épaules avec beaucoup de courage et de sang froid.
Peut être est-ce la fabuleuse première séquence nous la montrant enfant qui
nous rapproche davantage d’elle. Nous ressentons sa méfiance, sa peur, sa
colère, son amour, quand elle espionne sa propre famille. Et pourtant, toute
l’intrigue en apparence très simple va s’inverser et littéralement clouer le spectateur.
Si d’autres films d’espionnage réussissaient ce tour, celui-ci à la capacité
d’amener les ingrédients petit à petit et de ne rien précipiter.
Aux côtés de Andrea Riseborough
se tient Clive Owen, grand acteur très rare à l’écran en ce moment. En agent du
MI5, il est en parfaite symbiose avec son personnage. Bien que les deux acteurs
soient présents sur l’affiche (Clive Owen et Andrea Riseborough), il n’y aura
pas - contrairement à ce que l’on pourrait imaginer - de love story. Ce n’est
pas ce qui intéresse Marsh. Une histoire d’amour aurait été malvenue dans un
thriller d’une telle densité, et nous serions retombés dans un scénario bien
plus banal et académique. Avec l’IRA, on ne plaisante pas (comme précédemment
dans Hunger de Steve McQueen). Même
si la mise en scène n’est jamais aboutie totalement (c’est un des seuls défauts
du film), le décrochage est difficilement envisageable.
Le premier film de fiction de James Marsh est une grande réussite. Sans jamais tomber dans les pièges scénaristiques habituels du film d'espionnage, Shadow Dancer percute de tous les côtés, et laisse une trace bien nette dans notre esprit après la projection. On attend le prochain.
Le premier film de fiction de James Marsh est une grande réussite. Sans jamais tomber dans les pièges scénaristiques habituels du film d'espionnage, Shadow Dancer percute de tous les côtés, et laisse une trace bien nette dans notre esprit après la projection. On attend le prochain.
Jeremy S.
Mac (Clive Owen) et Collette (Andrea Riseborough) |
Au centre : Gerry (Aidan Gillen) A droite : Connor (Domhall Gleeson)
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