Ecrit et réalisé par David Wnendt
Avec : Alina Levshin, Jella Haase, Sayed Ahmad Wasil Mrowat...
1h40
Sortie : 27 mars 2013
7/10
-
L'origine du mal
Pour un premier
film, s’attaquer à l’un des sujets les plus sensibles de l’histoire de
l’Allemagne (et du monde) n’est pas chose facile. Au lieu de simplement montrer
la violence de ces groupes néo-nazis et de dire « ce n’est pas bien »
comme c’est souvent le cas, David Wnendt choisit d’aller au plus profond de la
psychologie des néo-nazis féminines afin d’en chercher les causes. Son propos
montre par contre que, mis à part la gente féminine, les hommes, eux, sont
totalement irrécupérables.
Synopsis : Marisa, 20 ans, fait partie d'un gang de néo-nazis au nord de l'Allemagne. Tatouée de swastikas, le crâne rasé, elle déteste les étrangers, les juifs, les noirs et flics, à ses yeux tous coupables du déclin de son pays et de la médiocrité de son existence. Manifestations de haine, violence et beuveries rythment son quotidien, jusqu'à l'arrivée en ville d'un réfugié afghan et l'irruption dans son gang d'une adolescente de 14 ans. Ces nouveaux venus mettent à mal le fanatisme de Marisa...
Guerrière prend
le parti de suivre 2 filles que tout opposent. L’une, Marisa (jouée par Alina Levshin),
est déjà bien ancrée dans ce groupe, sort avec l’un des leaders néo-nazis, rend
visite à son grand père malade qui l’a en quelque sorte fait rentrer dans ce
milieu et vit avec sa mère avec laquelle elle noue une relation conflictuelle,
notamment dû à la scission entre sa mère et son grand père. L’autre, Svenja
(interprétée Jella Haase), est issu d’un milieu aisé, est une élève très douée,
est très complice avec sa mère mais son père est très sévère avec elle. Leurs
destins vont se croiser. Marisa va petit à petit se détacher du groupe alors
que Svenja, elle, va s’y jeter entièrement. Pour montrer la prise de conscience
de Marisa, David Wnendt va faire en sorte que celle-ci fasse ouvrir les yeux à
la nouvelle néo-nazie.
Les 1ères scènes
sont véritablement violentes. David Wnendt nous montre la manière de vivre de
Marisa et de son groupe, qui passent à tabac l’ensemble des usagers d’origines
étrangères d’un train. Cette violence est montrée à travers les vidéos prises à
l’aide d’un téléphone portable. Les images des téléphones portables n’étant pas
de bonnes qualités, la violence se veut plus suggestive que monstrative, ce qui
la rend encore plus prégnante. Même dans le reste du film, la violence sera
hors-champ ou mise sous ellipse. David Wnendt pose un regard neutre sur les
nouvelles technologies qui permettent de créer des réseaux et de partager des
atrocités en toute impunité. Ce n’est pas à cause des téléphones et d’internet
que ces groupes existent mais ce sont des moyens de colporter ses idéologies.
Même lorsque ses technologies ne sont plus présentes (toute la dernière heure
du film), le groupe continue de s’agrandir.
Ce qui intéresse
bien plus David Wnendt est de faire voir comment cette jeunesse en arrive à des
prises de position si extrêmes. Il le fait à travers deux personnages :
· - Marisa : Elle voue une admiration sans borne pour son grand-père,
qui est accentuée par le fait que sa mère et son grand-père ne se parlent plus.
Ce grand-père la pousse dès son plus jeune âge dans ce monde nazi. Pour se
rebeller contre sa mère, elle s’incruste de plus en plus de ce monde. Cependant
son monde s’effondrera lorsqu’elle découvrira la face cachée de son grand-père.
Pour tenter de se racheter elle va aider un jeune émigré turque (qu’elle a
auparavant failli tuer en lui rentrant volontairement dedans en voiture). Comme
il y a une morale, surtout lorsqu’il s’agit de sujet comme celui-ci, n’aider
qu’une personne ne sera pas suffisant.
· - Svenja : C’est une jeune fille de 15 ans avec une mère
sympathique et un père très autoritaire. Pour fuir tout le poids des
responsabilités que lui fait endosser son père, elle s’enfonce elle aussi dans
ce monde néo-nazi.
Sur un élan
d’optimisme, David Wnendt se sert de Marisa pour faire prendre conscience
Svenja que la vie qu’elle va embrasser sera terrible. La fin du film,
absolument sublime, résume tout ce que David Wnendt a développé dans son
films : l’irrécupérabilité des hommes néo-nazis, la « justice »
envers les néo-nazis (même s’ils décident de s’en sortir), un brin d’optimisme
dans ce milieu totalement abruti et enfermé sur lui-même.
Alexis D.
Marisa (Alina Levshin)
Svenja (Jella Haase) et Marisa (Alina Levshin)
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