Réalisé par Michel Gondry
Ecrit par Michel Gondry et Luc Bossi
D'après L'Ecume des jours de Boris Vian
Avec : Romain Duris, Audrey Tautou, Omar Sy...
2h05
Sortie : 24 avril 2013
-
Noyade
Adapter le chef d'oeuvre de Boris Vian (réputé à l'évidence comme inadaptable) était un projet cher à Michel Gondry.
Avant la vision du film, nous pouvions imaginer que ces deux univers (ceux de Boris
Vian et de Michel Gondry), très fantaisistes et oniriques cohabiteraient de façon juste et belle. La beauté du roman de Boris Vian est malheureusement à
des années lumières de celle du film de Michel Gondry.
Synopsis : Colin a une vie très agréable : il est riche, il aime les
plats de son cuisinier (Nicolas), il adore son pianocktail (contraction de
piano et cocktail, une invention de Boris Vian) et son ami Chick. Un jour alors
qu'il déjeune avec Chick, celui ci lui apprend qu'il a rencontré une jeune
fille prénommée Alise avec qui il a une passion commune : l'écrivain Jean-Sol
Partre.
Colin rencontre Chloé lors d'une soirée où Chick l'a invité.
Ils tombent amoureux, se marient mais Chloé tombe très malade pendant le voyage
de noces. Au fur et à mesure que le temps passe, Chloé va de plus en plus mal
alors que la relation entre Chick et Alise se détériore...
Si Gondry enclenche son histoire sur des chapeaux de roues,
il parvient d’ores et déjà à nous épuiser au bout des vingt premières minutes. Véritable
déluge de petits objets, de personnes, de lieux, tous aussi farfelus les uns
que les autres. Déluge qui pourrait nous engloutir, nous faire pénétrer dans ce
monde, créer une quatrième dimension. En se précipitant de cette façon, Gondry
épuise ses meilleures idées trop rapidement et devient assez redondant dans
l’heure et demi suivante.
Romain Duris, Audrey Tautou, ou encore Omar Sy (qui trouve ici peut être son meilleur rôle), constituent le
casting riche en stars très connues aussi bien du grand que du petit écran. Si
L’Ecume des jours apparaît comme un régal visuel renversant, ses personnages
peinent à être fondus et intégrés dans ce monde si beau et si vaste. Gondry
surcharge sa mise en scène d’effets et noie ses personnages, ainsi que son public. On
est loin du charme d’Eternal Sunshine of
the spotless mind (2004), ou encore de La
science des rêves (2005). Gondry ne radicalise aucunement son style. Il en fait trop, tout simplement.
Boris Vian émeut, Boris Vian transperce - tel un arrache coeur. Gondry montre, expose,
Gondry fait du grand spectacle en obnubilant totalement la psychologie de ses
personnages. La mort de Chloé apparaît en ce sens assez ridicule : nous ne
sommes pas plus concernés ni touchés que Colin. Colin interprété par Romain
Duris, qui ici déçoit grandement après des rôles comme L’arnacoeur (2009) ou plus récemment dans Populaire (2012).
A signaler tout de même, éviter l’impasse pour la
réussite esthétique, et la volonté de transmettre l’atmosphère du roman. Dans
un Paris sombre et crasseux, Gondry parvient à rendre éclatantes certaines
scènes dans un décor aussi morne et terne que ceux des pays de l'est. La dernière partie du film, la plus
déchirante du livre, elle, déçoit. Passer de la couleur au noir et blanc apparaît comme un
procédé naïf dans le film de Gondry, ne faisant aucunement progresser la dramaturgie du récit, pourtant si passionnante.
Michel, nous te saluons de t’être attelé à une tache si ambitieuse. Le résultat, loin d’être bouleversant, vaut un minimum le détour. Prouesse esthétique, déception émotionnelle.
Michel, nous te saluons de t’être attelé à une tache si ambitieuse. Le résultat, loin d’être bouleversant, vaut un minimum le détour. Prouesse esthétique, déception émotionnelle.
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