Ecrit et réalisé par Pedro Almodóvar
Avec : Javier Cámara, Carlos Areces, Raúl Arévalo, ...
1h30
Sortie : 27 mars 2013
-
Trou d'air
Les Amants passagers signent le
grand retour de Pedro Almodóvar à la comédie. Come-back... raté !
L'A340 de la compagnie Pinínsula, à destination de Mexico, se
retrouve, suite à une panne technique, bloqué dans les airs en
attendant de pouvoir atterrir. Les passagers pensent vivre leurs
dernières heures. Sur le papier, le film ressemble à un vaudeville
aérien prometteur. Mais dans les faits, il se révèle n'être qu'une
plate comédie.
Pourtant l'un des meilleurs scénaristes
au monde, Almodóvar enchaîne ici maladroitement ses séquences. Il
n'y a pas d'autres enjeux narratifs que celui de multiplier des
dialogues loufoques dans un pauvre cocktail de sexe et de drogue.
Almodóvar veut s'amuser. Et c'est peut-être l'une des seules
qualités du film. Le cinéaste espagnol assume franchement son
intention de divertir, tout simplement. Le projet est noble, certes,
mais manque de souffle. Almodóvar se caricature et perd en finesse.
Le film tourne au ridicule et au grotesque, à l'image de l'absurde
séance d'orgie sous mescaline. Triste !
Le film manque clairement de fond.
Almodóvar semble ne vouloir rien raconter. Pourtant, le sujet, dans
sa forme simple, aurait pu donner lieu à davantage de profondeur. On
regrette les grands films d'Almodóvar des années 2000. Avec peu et
beaucoup d'inventions scénarstiques, le cinéaste donnait à ses
films un caractère bouleversant. Dans Les Amants passagers,
Almodóvar n'offre qu'un film de surface, destiné à la jouissance immédiate
(comme ses personnages). Ce qui aurait pu être un psychodrame social
cocasse se transforme en un éclair passager, aussitôt vu, aussitôt
oublié. Léger ? Trop ! Le film manque de matière,
de poids et d'émotions. A trop vouloir alléger, le produit perd de sa saveur et de son caractère. Almodóvar se contente du service minimum de
son talent.
Retenons quand même la fringante
troupe d'acteurs, les stewards en tête qui s'en donne à cœur joie. Le film reste
néanmoins un divertissement passable et sympathique. Mais quel
gâchis ! Almodóvar mérite mieux que de petits sentiments futiles ! On en sort content,
mais énervé. La filmographie d'Almodóvar laisse à penser que Les
Amants passagers fut une parenthèse, au pire, une erreur de
parcours. On prend quand même rendez-vous pour le prochain film, en
espérant que le cinéaste renouera avec toute l'ampleur de son
génie.
Adrien V.
Fajas (Carlos Areces), Ulloa (Raúl Arévalo), Joserra (Javier Cámara), détonant trio de stewards.
|
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire