Écrit et réalisé par Guillaume Gallienne
Festival de Cannes 2013 - Quinzaine des réalisateurs - Sélection Officielle (Prix SACD)
Avec : Guillaume Gallienne, André Marcon, Françoise Fabian...
1h26
Sortie : 20 novembre 2013
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Guillaumette
Jeune comique déjà populaire à la télévision,
Guillaume Gallienne se montre cette fois ci sur les écrans de cinéma. Son
premier film est l’adaptation d’un sketch mis en scène antérieurement. C’est
avec joie que nous découvrons son aisance et aptitude à réaliser une petite comédie
très inventive comme le cinéma français en a rarement produit (pour ne pas dire
jamais) cette année.
Le piège tant attendu est balayé dès les
premières minutes. Gallienne ne nous raconte rien d’autre que sa propre
histoire, nous expose le caractère autobiographique de son film par une
minutieuse mise en abîme. En réalité, il va nous scénariser un long sketch de
quatre vingt minutes par son image omniprésente dans tous les coins : il
occupe tout l’espace, y compris le personnage de sa mère, tout cela sans prétention
pompeuse comme pouvait le montrer Valeria Bruni Tedeshi dans Un Château en Italie. Avec une voix off
asexuée, Gallienne nous intègre à sa vie quotidienne sans didactisme nécessaire
à la compréhension de son principal problème : est-il un homme ou une
femme ? Sa voix aigue le fait passer pour sa mère dans le dos de son père,
et cette dernière le différencie des autres « garçons » (d’où le
titre). Même si Guillaume interprète à la perfection le rôle maternel, l’effet
miroitant des deux personnages demeure invisible, justifiant ainsi l’absence de
« ségrégation sexuelle » présente dans tout le film. Parmi les différents
personnages rencontrés, Gallienne nous fait comprendre, comme la recherche de
son identité sexuelle, celle de son genre de comédie.
Diane Kruger est sans nul doute la plus
grande surprise de ce premier long métrage. Elle révèle un potentiel comique
absurde encore jamais soupçonné pour une telle actrice souvent catégorisée. Aux
côtés de cette drôle de séquence se situent d’autres grands moments, notamment
celui de la piscine. Nous plongeons dans un bassin, et ressortons dans un autre
différent, le tout avec un tube de Supertramp en fond sonore, distinguant une
part de lyrisme très inattendue compte tenu de la popularité du personnage.
Si
ces deux types de comédie figurent le sketch, le plus important pour cette
histoire racontée en images parvient à s’en dégager : l’émotion. Tantôt
hilarant, tantôt triste, Guillaume fait exister son personnage comme notre
meilleur ami, créant ainsi l’inévidente empathie pour un comique d’aujourd’hui
(l’époque de Charlot et de Prince Rigadin est belle et bien révolue) à l’inverse
d’un Frank Dubosc, d’un Omar Sy ou d’un Fred Testot, plus généralement de clowns
ringards oubliables. Une réussite reproductible pour un deuxième film ?
Pari lancé.
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