Écrit et réalisé par Yann Gonzalez
Festival de Cannes 2013 - Semaine de la critique - Selection Officielle
Musique Originale : Anthony Gonzalez (M83)
Avec : Kate Moran, Niels Schneider, Éric Cantonna, Béatrice Dalle...
1h31
Sortie : 13 novembre 2013
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Lyrisme effrité
Jeune homme appartenant à la
nouvelle vague des jeunes cinéastes révélée en partie par les Cahiers du Cinéma (cf n°688 Avril 2013),
Yann Gonzalez est cette année le troisième mauvais élève du cinéma français à nous produire
une œuvre bizarroïde et mutante. Si Antonin Peretjako (La Fille du 14 juillet) et Justine Triet (La Bataille de Solférino) parvenaient à réinventer la comédie en
fondant leurs principes sur une base solide déjà établie, Gonzalez préfère
radicaliser du tout au tout, au risque de tomber dans un cynisme ridicule.
À notre plus grand regret, le mal
est fait. Sur un scénario débutant comme un pastiche pasolinien, tout s’écroule en quelques minutes. La Chienne, la Star, l’Étalon, et l’Adolescent se
rencontrent dans une maison en pleine nuit pour se concerter, se confier,
parler de leurs plus grandes frustrations sexuelles. D’un dispositif en
apparence prometteur n’en ressort qu’une vague de moments oniriques faiblards,
sur-stylisés, ressemblant à du carton pâte et demeurant sans fond, mais juste
l’ébauche d’une idée de court métrage. Rythmé par les compositions d’Anthony
Gonzalez (M83), l’avancement de l’intrigue patine, se traîne, malgré de belles
performances d’acteurs au jeu anti-naturaliste. Eric Cantonna conserve son
accent détestable et apparaît comme une véritable tâche au milieu des autres
personnages, davantage fouillés et à la personnalité plus marquée. Est-il
vraiment nécessaire que l’Étalon nous expose frontalement son faux pénis, afin
de justifier l’érotisation monstre de ces rencontres ? Là où le film
souhaite repousser ses limites, c’est à une falaise qu’il se heurte, dans une
mise en scène immature à la recherche de l’hypnose et la passion, constamment
en retrait mais s’imaginant sans peine.
Si érotisation il y a, la
psychologie du fond est quant à elle inexistante. Le pouvoir des images est
certes puissant, ne nécessite pas de sens précis pour toucher son public, mais
dans un tel parti pris esthétique doit être présent pour nous indiquer le
véritable but du cinéaste. Le versant fantastique et mythologique de certaines
séquences est un plaisir visuel intense dans le cinéma français d’aujourd’hui,
mais nous fait penser davantage à une réalisation étudiante qu’à l’émergence
d’un renouveau. Saluons néanmoins cette brillante tentative de fabrication d’OFNI,
ratée mais prometteuse pour la suite, lorsque Gonzalez maîtrisera les règles
essentielles et inaltérables du long métrage.
Jeremy S.
Udo (Nicolas Maury), Matthias (Niels Schneider), Ali (Kate Moran) |
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