samedi 31 août 2013

Juillet / Août 2013 - Bilan


Films vus (Juillet et Août 2013)


Film
Auteur
Sortie
Jeremy S.
Alexis D.
Adrien V.
Ari Folman
3 juillet 2013
10

10
Noah Baumbach
3 juillet 2013
7

7
Marc Foster
3 juillet 2013
5

Dan Scanlon
10 juillet 2013
 6

Nicolas Charlet et Bruno Lavaine
10 juillet 2013
7
7

James Mangold
24 juillet 2013

7

Louis Leterrier
31 juillet 2013
6
8

Claire Denis
7 août 2013
3


Gore Verbinski
7 août 2013
4
4
James DeMonaco
7 août 2013

3

Arnaud des Pallières
14 août 2013
7

5
Neill Blomkamp
14 août 2013

7

François Ozon
21 août 2013
5

3
Kick-Ass 2
Jeff Wadlow
21 août 2013
7


Le Dernier Pub avant la fin du monde
Edgar Wright
28 août 2013
6
8

Rebecca Zlotowski
28 août 2013
7









Et aussi...

3 juillet 2013 :

Le Roi et l'oiseau de Paul Grimault
Rampart de Oren Moverman
White Lie de Nyima Cartier
Jeunesse de Justine Malle
Les Reines du Ring de Jean-Marc Rudnicki
L'oncle de Brooklyn de Daniele Cipri, Franco Maresco
Ma meilleure amie, sa soeur et moi de Lynn Shelton
Pour une femme de Diane Kurys




10 juillet 2013 : 

Marius et Fanny de Daniel Auteuil 
Crazy Joe de Steven Knight
The Theory of Love de Jay Oswald
Dans un jardin je suis entré de Avi Mograbi
Grigris de Mahamat Saleh Haroun
Hijacking de Tobias Lindholm
Ini Avan, Celui qui revient de Asoka Handagama
Le Quatuor de Yaron Zilberman
The East de Zal Batmanglij




17 juillet 2013 : 

Aya de Yopougon de Marguerite Abouet
It Felt like love de Eliza Hittman
Chez nous, c'est trois ! de Claude Duty
Juliette de Pierre Godeau 
Meteora de Spiros Stathoulopoulos
Metro Manilla de Sean Ellis
Pacific Rim de Guillermo del Toro
Paris à tout prix de Reem Kherici




24 juillet 2013 : 

12 heures de Simon West
La Chair de ma chair de Denis Dercourt
Springsteen & I de Baillie Walsh
Dans la tête de Charles Swan III de Roman Coppola
Gold de Thomas Arslan
La Cinquième saison de Peter Brosens 
Le Grand'Tour de Jérôme Le Maire
Le Jour attendra de Edgar Marie




31 juillet 2013 : 

Les Schtroumpfs 2 de Raja Gosnell
Landes de François-Xavier Vives
Peut être qu'on a pas le même humour de Thomas Seban
Les Chansons populaires de Nicolàs Pereda
Magnifica Presenza de Ferzan Ozpetek
R.I.P.D. Brigade Fantôme de Robert Schwentke
Texas Chainsaw 3D de John Luessenhop




7 août 2013 : 

Oggy et les cafards de Olivier Jean Marie
Je ne suis pas mort de Mehdi Ben Attia
Les Derniers jours de Alex Pastor
Cha cha cha de Marco Risi
Imogene de Shari Springer Berman
Leave It On The Floor de Sheldon Larry
Leones de Jazmin Lopez




14 août 2013 :

Drôles d'oiseaux de Wayne Thornley 
Percy Jackson : La mer des monstres de Thor Freudenthal
Les Apaches de Thierry de Peretti 
An Oversimplification of Her Beauty de Terence Nance
Basilicata Coast to Coast de Rocco Papaleo
Keep Smiling de Rusudan Chkonia
Un Nuage dans un verre d'eau de Srinath Christopher Samarasinghe




21 août 2013 : 

Conjuring : les dossiers Warren de James Wan
Jobs de Joshua Michael Stern
Le Prochain Film de René Féret 
Les Flingueuses de Paul Feig
Mon bel oranger de Marcos Bernstein
Mort à Vendre de Faouzi Bensaïdi




28 août 2013 : 

Alabama Monroe de Felix Van Groeningen 
Une place sur la terre de Fabienne Godet
Red 2 de Dean Parisot
One Direction Le Film de Morgan Spurlock
Yema de Djamila Sahraoui 
L'Aube Rouge de Dan Bradley 
Leviathan de Lucien Castaing-Taylor
Magic Magic de Sebastiàn Silva



mercredi 28 août 2013

Grand Central - Rebecca Zlotowski



Ecrit et réalisé par Rebecca Zlotowski 
Festival de Cannes 2013 - Un Certain Regard
Avec : Tahar Rahim, Léa Seydoux, Olivier Gourmet... 
1h34 
Sortie : 28 août 2013 

-

Exutoire 


Aux côtés de Claire Denis, Sofia Coppola ou encore Lucia Puenzo, les femmes étaient - cette année - à l’honneur pour la sélection cannoise d’Un Certain Regard. Rebecca Zlotowski, jeune réalisatrice issue de la Fémis réalise ici son deuxième long métrage trois ans après le bluffant Belle Epine (2010). Histoire d’amour sur fond de centrale nucléaire, ce deuxième film, moins rigoureux et prenant que son prédécesseur, confirme le talent grandissant de Rebecca Zlotowski sans en cacher ses limites. 

Dans Belle Epine, Léa Seydoux interprétait une jeune adolescente solitaire dans une famille déchirée, voulant à tout prix montrer l’exact contraire de sa triste condition. Le film, terriblement immersif et comportant de grands moments bouclés sur quatre vingt minutes, nous faisait comprendre à la fois que la cinéaste adoptait un style propre et déroutant, tout en élaborant une narration extrêmement intelligente, fluidifiant son récit comme peu d’autre cinéastes de cet âge y parviennent.  
Il y a du Belle Epine dans Grand Central. Mais avec ce dernier, c’est un pas en avant que souhaite faire Rebecca Zlotowski ; aux dépends d’un sujet casse gueule comme la centrale nucléaire en France, suite aux tristes épisodes de Fukushima. Ni écolo ni politique, ce deuxième film apparaît parfois comme une alternative au cinéma des Frères Dardenne, parfois comme un film américain, autant dans l'appellation de ses personnages que par sa mise en scène. Et comme un film de Rebecca Zlotowski ? Nettement moins que Belle Epine. Son goût pour filmer les corps et les visages se fait plus flou et l’aspect social du scénario émerge trop souvent. Après être embauché dans la centrale nucléaire, Gary va rencontrer la provocante Karole et en tomber amoureux. Les scènes intimes entre les deux tourtereaux ne sont plus aussi fortes et bouleversantes que dans Belle Epine, Zlotowski préférant n’en montrer trop peu que pas assez.

Gary (Tahar Rahim) et Karole (Léa Seydoux)

L’affirmation et la rigueur de son premier film peinent à refaire surface, caractéristique accentuée par le développement du scénario prévisible et anti spectaculaire. Les scènes de conflits entre Gary et le mari de Karole restent relativement faibles et ne sont traversés ni par un désir constant de suivre ses personnages, ni par une volonté de renverser un classicisme évident. Si Léa Seydoux enflammait l’écran dans Belle Epine, son rôle dans Grand Central se situe bien deux échelons en dessous du précédent. Plus mature, plus femme, Léa Seydoux n’est plus une personne fragile, rebelle, aux yeux glaçants. Tahar Rahim, pour sa part, réitère l’expérience d’Un Prophète sans pour autant crever l’écran.
Prenant moins de risques, Grand Central possède néanmoins des atouts indéniables du grand film d’auteur français : le découpage sec et la musique hypnotique de ROB participent à nous entrainer dans l’environnement hostile et dérangeant de la centrale nucléaire, très cinématographique comme le filme avec brio la réalisatrice. Les accidents survenant tout au long du film n’étayent pas une quelconque position contre la centrale mais cherchent à nous remettre un pied sur terre suite à ce que vivent Gary et Karole. Film poétique triomphant du naturalisme ? Le message léger et la mise en scène moins inspirée ne nous convaincront pas dès les premières images, malgré un générique plus que prometteur. Rebecca Zlotowski, nouvel espoir du cinéma français, tout en s’affranchissant brillamment des contraintes et du naturalisme français, doit regarder attentivement le chemin qu’elle prend. Ainsi que ses bordures.  

Jeremy S.


Karole (Léa Seydoux) et Toni (Denis Ménochet)


dimanche 25 août 2013

Jeune & Jolie - François Ozon



Ecrit et réalisé par François Ozon
Festival de Cannes 2013 : Compétition Officielle
Avec : Marine Vacht, Géraldine Pailhas, Frédéric Pierrot
1h34
Sortie : 21 août 2013

-

Survol


Bon accueil au 67ème festival de Cannes, succès public et critique, le 14ème long métrage de François Ozon parait, aux premières apparences, avoir franchit un nouveau pas. Le réalisateur de Huit Femmes et de Sous le sable ne cache pas le principal élément de sa réussite : Marine Vacht, mannequin tout droit sorti d’une publicité pour Cartier. Étant la grande surprise du film, l'actrice n’est malheureusement que le fait pleinement marquant dans ce nouveau film plat et académique.

Le scénario laisse vite présager une histoire à la Belle de Jour de Luis Bunuel (1967) mais tire finalement vers le drame social/familial déjà vu et devenant rapidement ennuyeux. Si le cinéaste ne cache pas son admiration pour le maestro espagnol, l’histoire d’Isabelle manque surtout de conflit, de force, et plus encore de sortie des champs battus. À l’heure où le cinéma français populaire va mal et ne produit que des marchandises mal écrites et intolérablement naturalistes, c’est avant tout ce que l’on souhaite éviter. Jeune & Jolie, sans faire partie de cette seconde classe, est un film paresseux, non motivé, n’osant pas montrer frontalement son sujet, en le survolant comme si le registre fictionnel ne pourrait jamais se transformer en registre lyrique ou même documentaire. Racontée linéairement sur quatre saisons, avant, pendant, et après la prostitution d’Isabelle, Ozon prend le risque de perdre ses spectateurs avides de grandes émotions et de surprises permanentes. À l’inverse de l’excellent Sous le sable, Jeune & Jolie ne cache rien, ne mène pas sur de fausses pistes, et se contente de suivre un chemin tout tracé.

Sylvie (Géraldine Pailhas) et Isabelle (Marine Vacht)

Des lycéens lisant sagement des poèmes de Rimbaud en cours de français, à la famille sur-stéréotypée en passant par une enquête policière venant boucher plusieurs trous du récit, des éléments du scénario apparaissent comme inutiles, dans le sens où il faudrait que la jeune et jolie Isabelle soit recontextualisée dans une réalité alternative à la nôtre. La mise en scène du cinéaste ne sauve pas ces défauts agaçants : là où les fameuses scènes de sexe devraient choquer son public, Ozon ne décolle pas d’une base déjà posée dans les rares scènes où Marie faisait l’amour avec son amant dans Sous le sable (on retrouve une prise de vue très similaire). Ce dernier point étant d’autant plus étrange quand le cinéaste déclare avoir réfléchit longuement à la manière de filmer ses scènes.

Jeune & Jolie peut aussi être vu comme « film somme » de tout le cinéma de François Ozon. Que ce soit Robe d’été (court métrage du début de sa carrière) ou Sous le sable (le second rôle de Charlotte Rampling et le plan final s’y retrouvent), beaucoup d’éléments de ses films antécédents refleurissent. Cette dernière œuvre paresseuse et d’un classicisme caricatural aura cependant du mal à hanter les esprits, malgré l’interprétation sublime de Marine Vacht (futur espoir féminin aux Césars, on est prêt à parier) et son sujet alléchant tendant tristement vers un traitement plus que décevant.

Jeremy S.

Isabelle (Marine Vacht)


jeudi 22 août 2013

Michael Kohlhaas - Arnaud des Pallières



Réalisé par Arnaud des Pallières
Ecrit par Arnaud des Pallières et Christelle Berthevas
Inspiré du roman de Heinrich Von Kleist
Festival de Cannes 2013 - Compétition Officielle
Avec : Mads Mikelsen, Bruno Ganz, Dennis Lavant... 
2h02
Sortie : 14 août 2013

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Le Seigneur des hautes plaines


Tourné intégralement dans le massif des Cévennes en Languedoc Roussillon, le nouveau film du sous estimé Arnaud des Pallières n’a pas remué public et critique. Doit-on y voir un petit film imitant paresseusement les grands westerns américains, d’un auteur n’ayant pas encore véritablement trouvé sa voie et son style ? Il serait injuste de bouder devant ces deux heures palpitantes, maîtrisées de bout en bout par un souffle unique dans le cinéma français d’aujourd’hui et la présence du génialissime Mads Mikelsen aux commandes de cette artillerie lourde, parcourue de moments intenses et de personnages passionnants.

Michael Kohlhaas, c’est avant tout une histoire de vengeance. Un seigneur parmi tant d’autres voit ses cheveux brutalisés par le barron. Une boule de feu va naître au cœur de Kohlhaas, ce dernier ne se laissant pas faire facilement par tout être supérieur à sa condition. Le manichéisme affolant au début du scénario surprend pendant quelques minutes, avant que l’on ne découvre que des Pallières à visé juste et au centre d’un thème majeur, peu souvent traité avec tant de lucidité dans le cinéma français : la justice. Kohlhaas veut rétablir son droit. Aimant sa femme et sa fille, il l’écoutera quand elle lui proposera d’aller parler à la princesse. La visite tournant malheureusement au vinaigre, le seigneur n’aura d’autre choix que de mener une guerre, tant la colère qui l’animait de l’intérieur jusqu’à présent aura atteint des proportions criminelles.


Lisbeth (Mélusine Mayance) et Michael (Mads Mikelsen)

Des Pallières ne souhaite pas raconter une guerre. Cette guerre n’est qu’un argument pour étayer sa thèse, comme quoi « la justice ne peut se rétablir par la violence ». Oui, nous avons là une idée simple, sûrement déjà exploitée par nombres d’autres cinéastes (il n’y a pas à chercher loin, notamment avec Mads Mikelsen : La Chasse de Thomas Vinterberg), mais où chaque parole de la fille de Michael, du théologien (Dennis Lavant) ou de César (David Bennent) sera traduite par des effets de mise en scène aboutis et une esthétisation de l’image sagement édifiée. Des Pallières a toujours aimé le western, en particulier les films de Clint Eastwood, dont Michael Kolhlaas en est une alternative. La lenteur des dialogues contraste avec la rapidité des affrontements, brillamment montés à la manière des westerns spaghettis. En plus d’être un film d’atmosphère, Michael Kohlhaas est aussi une oeuvre réflexive évitant tout écart vers le précipice de la lourdeur méthaphysique des propos que tiennent les différents personnages. « C’est pour maman que tu fais la guerre ? Non. C’est pour les chevaux ? Non. » répond-il de manière extrêmement rigide à sa fille. Dans ce monde sanglant perpetuellement roué de coups, Michael n’a plus qu’elle qui puisse l’épargner de sombrer dans la rage absolue, pouvant être symbolisé par l'un de ses rôles précédent, le Guerrier Silencieux de Nicolas Winding Refn. On peut aussi voir en Michael Kohlhaas un film sur Mads Mikelsen, qui conjugue la plupart de ses grands rôles pour donner naissance à un personnage des plus marquant. « le tournage a été très difficile » dit-il dans plusieurs interviews, parlant notamment de la difficulté de jouer en français.

Le souffle épique qui traverse Michael Kohlhaas est lui aussi une caractéristique première du western, difficilement réalisable dans un film français d’aujourd’hui. L’adaptation du roman de Kleist y est sans doute pour quelque chose, mais le découpage et la musique originale que propose des Pallières apportent un côté mystique et profond à l’aventure de Kohlhaas. C’est finalement dans la scène finale que le cinéaste convainc définitivement. Le visage buriné de Mads Mikelsen chargé d’émotions transcende l’âme du spectateur, alors que la faucheuse arrive, au son d’une flûte chantonnante. Des Pallières est sur le bon chemin, et règne sur les hautes plaines d'un cinéma français contre toute attente.  

Jeremy S.



La Princesse (Roxane Durand)

Le Prédicant (David Kross) et Judith (Delphine Chuillot)