dimanche 31 mars 2013

Camille Claudel 1915 - Bruno Dumont



 Écrit et réalisé par Bruno Dumont
Avec : Juliette Binoche, Jean-Luc Vincent, Robert Leroy, ...
1h37
Sortie : 13 mars 2013

8/10

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Sculpter l'informe


Dans un cinéma français en manque de courage artistique, partagé entre la comédie populiste et le film d'auteur cliché labélisé Nouvelle Vague, Bruno Dumont s'impose face à cette sclérose en proposant un cinéma d'une rare innovation, animé d'un souffle de renouveau. Après l'hallucinant Hors Satan, Dumont revient sur les écrans avec une courte évocation de la vie de Camille Claudel. Pour la première fois, Dumont s'attaque à un personnage historique. Plutôt habitué aux anonymes non-professionnel, Dumont s'octroie les services de Juliette Binoche. A personnage notoire, actrice célèbre. 

Durant une heure et trente minutes, Dumont nous fait partager trois jours de la vie de Camille Claudel, internée dans un asile psychiatrique depuis deux ans. Le projet de Dumont n'est pas de filmer une vaste fresque de la vie de l'artiste, mais de proposer une vision intime de Camille Claudel dont le seul bonheur est d'attendre la visite de son frère Paul. La première séquence révèle cette ambition du cinéaste. Des infirmières donnent le bain à Camille Claudel. Le corps nu, la peau blanche, le visage travaillé par la folie impriment chez le spectateur l'image d'une artiste déchue et fragilisée.

Dumont enferme son film, comme son sujet, dans les murs froids du couvent. Il décrit un quotidien sans éclat où les teintes gris-marron de la photographie figurent une vie en demi-teinte. Trop folle pour la réalité, pas assez pour l'asile, Camille Claudel est dans une situation inconfortable. Tout est absence. Absence de Paul Claudel, absence de l'atelier, absence d'écoute. Camille Claudel est une figure perdue dans un paysage torturé. 


Camille Claudel (Juliette Binoche)

Le couvent est un lieu partagé entre trivialité et spiritualité. Comme dans la plupart de ses films (La vie de Jésus, L'humanité, Flandres, Hors Satan), Dumont décrit un monde empreint de laideur, transcendé par une forme de spiritualité. Chaque personnage est partagé entre bestialité et grâce. Derrière le regard monstrueux des malades transparaît une forme supérieure de vie. D'ailleurs, qui est le malade ? Camille Claudel ou Paul Claudel, illuminé par sa foi et aveugle face à la misère de sa soeur ? Les personnages témoignent d'une vie psychique profonde et, plutôt que de l'exposer explicitement, Dumont, comme dans tous ses films, décalque cette spiritualité dans les paysages qui deviennent des paysages intérieurs. 

Paul Claudel (Jean-Luc Vincent) 

Dumont cherche une matière première et imparfaite sur laquelle il vient tailler dans le vif pour en retirer la substantifique moelle. Au final, il ne reste plus que l'essentiel, plus que cet éclat prit dans le brut. Dumont est un cinéaste du dépouillement. La caméra ne s'arrête pas à l'apparence. Elle est le révélateur, comme chez Bresson, de l'âme du personnage. Elle vient illuminer les sujets qu'elle filme. Dumont attend. Il attend ce rictus, ce clignement d’œil qui viendra apporter la vérité tant désirée. Dans un monde où l'on veut jouir tout de suite et tout le temps, le cinéma de Dumont, cinéma de l'attente et de la grâce, est un défi, une révolution. Il est un moyen de méditation et de transcendance, une plongée intérieure, un moyen d'être.

Adrien V.

jeudi 28 mars 2013

Warm Bodies - Jonathan Levine


Ecrit et réalisé par Jonathan Levine
D'après l'oeuvre Warm Bodies d'Isaac Marion
Avec : Nicholas Hoult, Teresa Palmer, Rob Corddry...
1h37
Sortie : 20 mars 2013

7/10

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Dead Romeo & alive Juliette


Sans prétention aucune si ce n'est celui de divertir et parfois d'émouvoir, Warm Bodies parvient à emporter le spectateur pendant 1h37 en nous faisant découvrir de nouvelles choses dans l'histoire encore jamais vues au cinéma. La seule "obligation" pour apprécier au mieux le film est d'accepter le postulat de départ sans se poser de question qui est "l'Amour est plus fort que tout". 

Synopsis : Un mystérieux virus a détruit toute civilisation. Les rescapés vivent dans des bunkers fortifiés, redoutant leurs anciens semblables devenus des monstres dévoreurs de chair.
R, un mort-vivant romantique, sauve contre toute attente Julie, une adorable survivante, et la protège de la voracité de ses compagnons. Au fil des jours, la jeune femme réveille chez lui des sentiments oubliés  depuis longtemps.... Elle-même découvre chez ce zombie différent autre chose qu'un regard vide et des gestes de momie...
Perturbée par ses sentiments, Julie retourne dans sa cité fortifiée où son père a levé une armée. R, de plus en plus humain, est désormais convaincu que sa relation avec Julie pourrait sauver l'espèce entière... Pourtant, en cherchant à revoir Julie, il va déclencher l'ultime guerre entre les vivants et les morts. Les chances de survie de ce couple unique sont de plus en fragiles...
Warm Bodies Renaissance porte un regard aussi réjouissant qu'étonnant sur l'amour, la fin du monde et les zombies... De quoi nous rappeler ce que c'est d'être humain !

Il est très important avant tout d'expliquer le but du film. Alors que l'affiche pourrait laisser penser qu'il s'agit d'un film de zombie dans lequel une histoire d'amour impossible entre un zombie et une humaine se crée le film lui montre quelque chose de très semblable mais avec une petite subtilité : il s'agit en réalité d'une histoire d'amour où le réalisateur choisit d'ajouter une touche de surréalisme en y installant des zombies.

Ce film qui se veut toucher un grand nombre de personnes fait une référence à peine voilée à une oeuvre populaire qui est Roméo et Juliette de William Shakespear. Lorsque le spectateur remarque cette référence il comprend qu'il a à faire à un film d'amour plus qu'à un film sur les zombies. Les éléments qui permettent d'expliciter cette référence sont tout d'abord les noms des deux protagonistes : la fille se nomme Julie et le zombie est nommé R car il se souvient simplement que le prénom de sa vie passée commençait par cette lettre. D'autres petits indices viennent compléter cela tel que l'amour impossible (qui est le sujet du film) et une scène où R est au pas de la porte de la maison de Julie et où cette dernière sort sur son balcon.

En plus de donner l'impression d'être un film ridicule par son affiche, Warm Bodies part avec un gros handicap. En effet ces dernières années en matière de détournement de films de zombies il y a eu de très bons films que sont Shaun of the Dead d'Edgar Wright et Bienvenue à Zombieland de Ruben Fleischer. En prenant l'axe de la comédie romantique, Jonathan Levine parvient à se faire une place parmi ses deux illustres prédécesseurs.

Ce qui est très plaisant également est que l'on a affaire un film qui offre des éléments inédits. Par exemple, c'est la 1ère fois dans un film que l'on a la psychologie d'un zombie, que l'on sait d'une part qu'un zombie pense et d'autre part ce qu'il pense. Ensuite Jonathan Levine propose certaines idées innovantes tels que "Lorsqu'un zombie mange le cerveau d'un humain, il lui vole ses souvenirs". Le spectateur, en entrant dans la salle, ne s'attend pas à voir de la nouveauté et en cela c'est un très bon point pour ce film.

Zombie (Rob Corddry) et R (Nicholas Hoult)

On pourrait donc dire que Warm Bodies est une libre adaptation de Roméo et Juliette dans un monde post-apocalyptique. Même si leur histoire semble être calqué sur l'oeuvre de Shakespear il y a néanmoins des points de divergences notamment sur le début et la fin de leur histoire d'amour. Leur coup de foudre est drôle et malsain, R mange le cerveau du petit ami de Julie et en s'accaparant ses souvenirs il en tombe lui aussi amoureux. Sans raconter exactement ce qu'il se passe à la fin il ne faut pas oublier que nous sommes face à une comédie romantique qui plus est américaine et qu'il y a de fortes chances qu'il se termine par un happy end.

L'évolution de R tout le long du film est très réussi. En tombant amoureux de Julie il "réactive" son corps mort. Son passage du véritable zombie au presque humain se fait en douceur et le spectateur ne s'en rend pas vraiment compte. Vers la fin du film la bonne idée du réalisateur est de le rendre en apparence humain sans nous dire pour autant s'il l'est redevenu ou s'il est une "hybridation" parfaite entre l'homme et le zombie.

Pour ceux qui s'attendent tout de même à avoir un film de zombie ils ne seront pas déçu. Les humains sont reclus dans une ville fortifiée et à l'extérieur se trouve deux types de zombies : les Cadavres (d'apparence humaine et capable de penser) et les Osseux (anciens Cadavres qui ne sont plus que des squelettes incapable de réfléchir). A la fin, une guerre aura lieu entre les humains, les Cadavres et les Osseux. Là encore il faut s'attendre à un résultat final inédit.

Alexis D.

R (Nicholas Hoult) et Julie (Teresa Palmer)

R (Nicholas Hoult), Zombie (Rob Corddry) et Julie (Teresa Palmer)

La Religieuse - Guillaume Nicloux


Réalisé par Guillaume Nicloux
Ecrit par Jérôme Beaujour et Guillaume Nicloux
D'après l'oeuvre La Religieuse de Denis Diderot
Remake de Suzanne Simonin, la Religieuse de Diderot de Jacques Rivette
Avec : Pauline Etienne, Isabelle Huppert, Louise Bourgoin...
1h54
Sortie : 20 mars 2013

3/10

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Les pleurnicheuses !


Vouloir adapter une oeuvre de Diderot telle que La Religieuse est une preuve d'audace. En faire un film aussi mauvais relève d'une grande prétention.  

Synopsis : XVIIIe siècle. Suzanne, 16 ans, est contrainte par sa famille à rentrer dans les ordres, alors qu'elle aspire à vivre dans "le monde". Au couvent, elle est confrontée à l'arbitraire de la hiérarchie ecclésiastique : mères supérieures tour à tour bienveillantes, cruelles ou un peu trop aimantes... La passion et la force qui l'animent lui permettent de résister à la barbarie du couvent, poursuivant son unique but : lutter par tous les moyens pour retrouver sa liberté.

Dans Camille Claudel 1915 de Bruno Dumont, ce dernier filmait l'ennui qu'éprouvait cette artiste dans un asile. En reprenant un milieu clos similaire à celui du film de Dumont, Guillaume Nicloux filme la combat d'une jeune religieuse pour se sortir des rouages de cet antre religieux. Là où le premier réussit avec finesse à nous emporter avec très peu, le second nous propose une pseudo belle image qui énerve plus qu'elle ne plait.

L'utilisation de la caméra entre ces deux films est pourtant la même, caméra en mouvement très ample, fluide, qui suit son protagoniste. Mais la dimension qui change entre les 2 films est la lumière. Dans La Religieuse, l'image baigne dans la lumière pour lui donner un côté aérien, céleste. Avec le choix d'une profondeur de champ très grande cet aspect céleste rend l'image totalement aseptisé. Pour en revenir à cette lumière blanche omniprésente dans le film, son utilisation, qui pourrait être justifiée, est paradoxalement contraire au contenu du film. Guillaume Nicloux filme l'horreur de cette institution religieuse : là où le film devrait logiquement avoir plus de contrastes et devrait laisser place à plus de zones d'ombres (dans l'utilisation de lumière), ce dernier choisi de l'inonder de sa lumière.

Si les problèmes du film ne s'arrêtaient qu'à cela il est évident qu'il ne serait pas mauvais. Là où le film se devait de se rattraper c'est bien entendu sur l'histoire et sur la profondeur de ses personnages (adapté d'une oeuvre littéraire il y avait sûrement matière à faire des personnages très complets). Pour l'histoire il n'y a pas grand chose à redire, elle reste assez fidèle aux oeuvres antérieurs. Mais pour les personnages c'est une véritable catastrophe.

Commençons par le personnage central du film : Suzanne Simonin. Beaucoup saluent la performance de Pauline Etienne, il me paraît cependant qu'elle n'est pas à la hauteur tout le long du film. Certes lorsqu'il s'agit de pleurer elle est parfaite mais quand les moments sont plus indécis et que l'on ne comprend pas si son personnage est soulagé ou encore accablé ce n'est pas elle qui nous aide à trancher. Dans son jeu (notamment sur ses expressions), il y a quelque chose qui coince, on ne sait pas si elle va pleurer ou souffler. Elle est tout de même la meilleure actrice du film.

Dans l'histoire elle se retrouve confronté à 3 Mères Supérieures, chacune ayant des traits de caractères très exacerbés : 

- La 1ère, celle qui est la plus réussie, est la Madame de Moni, la Mère Supérieur du couvent Sainte Marie (jouée par Françoise Lebrun). Celle-ci empêche Suzanne Simonin de quitter le couvent en faisant preuve de gentillesse et de bonté envers elle. Une relation mère / fille pourrait s'en dégager. 

Suzanne Simonin (Pauline Etienne) et la 1ère Mère Supérieure (Françoise Lebrun)

- La 2ème, interprétée par Louise Bourgoin, est la nouvelle Mère Supérieure du couvent et anciennement la Soeur Christine. C'est la grande "méchante" du film. Elle maltraite Suzanne Simonin de toutes les manières possibles et imaginables. C'est cette partie là qui, en mon sens, est la plus dérangeante. Au fur et à mesure que le temps passe la nouvelle mère emploie des moyens de plus en plus dur pour la torturer. Là où le film est très malsain c'est que Guillaume Nicloux choisit par moment de provoquer un rire chez le spectateur pendant des scènes de tortures et d'autres fois il appuie véritablement sur le drame et l'horreur de ses scènes. Il aurait fallu faire un choix plus radical et ne pas osciller entre les deux. Car cela a un impact sur le spectateur qui va inconsciemment choisir entre le rire permanent et le dégout profond de ce qu'il est en train de voir. Un mot rapide sur Louise Bourgoin. Elle joue très bien un personnage très mauvais, très caricatural, sans profondeur.

La 2ème Mère Supérieure (Louise Bourgoin)

- La 3ème, qui intervient dans la 3ème partie du film et qui est la plus ridicule, est la Mère Supérieure du couvent Saint Eutrope (Suzanne Simonin sera transféré lorsque le prêtre verra la manière dont elle a été traitée). Cette dernière est incarnée par Isabelle Huppert. Précédemment le spectateur a pu voir la gentille Mère Supérieure, la méchante Mère Supérieure, il a désormais sous les yeux la folle. Celle-ci délaisse son ancienne proie et s'éprend de Suzanne Simonin. Sans les détailler puisqu'elles n'en valent pas la peine, les scènes entre ces deux personnages deviennent de plus en plus risibles et dérisoires. Comme pour Louise Bourgoin, ce n'est pas Isabelle Huppert qui est mauvaise mais bien son personnage qui là aussi n'a aucune profondeur. Quand Guillaume Nicloux qu'elle sera folle il n'essaie pas de la nuancer mais choisit cette voie et la creuse au maximum.

Suzanne Simonin (Pauline Etienne) et la 3ème Mère Supérieure (Isabelle Huppert)

Ce qui est absolument insupportable dans ce film ce sont les scènes de pleurs. En les ajoutant elles doivent bien occuper 1h du film. Au départ, voir les différentes femmes pleurer est touchant mais lorsque l'on se rend compte que cet artifice est sur-employé, cela devient pitoyable. Là encore le réalisateur décide de suivre cette voie à fond au lieu de la contraster.

Dans un film qui présente un milieu dominé par la gente féminine le comble est de trouver que les meilleurs personnages sont les rares hommes présent dans le film. Que ce soit l'avocat Maître Manouri (cette fois ci il est possible de saluer la performance de François Négret) ou le Père Castella (Marc Barbé), tous deux sont les plus réussi du film notamment dû au fait qu'ils sont à l'opposé de tous les défauts que Guillaume Nicloux a inséré dans ses personnages féminins.

Alexis D.

Suzanne Simonin (Pauline Etienne)

20 ans d'écart - David Moreau


Réalisé par David Moreau
Ecrit par Amro Hamzawi et David Moreau
Avec : Virginie Efira, Pierre Niney, Gilles Cohen...
1h32
Sortie : 6 mars 2013

7/10

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Cougar et Toy Boy ?


Rom-com produite par EuropaCorp, 20 ans d'écart est un film vraiment abouti qui, en plus de puiser et de s'inspirer de la comédie romantique hollywoodienne, rivalise largement avec elle. Les personnages de prime abord stéréotypés se révèlent bien plus complets.

Synopsis : Alice Lantins a 38 ans. Elle est belle, ambitieuse et fait preuve d'une impeccable conscience professionnelle au point d'en oublier sa vie privée. Bref, elle a tout pour devenir la prochaine rédactrice en chef du magazine "Rebelle", tout sauf son image de femme coincée. Mais lorsque le jeune et charmant Balthazar, à peine 20 ans, va croiser le chemin d'Alice, le regard de ses collègues va inexplicablement changer. Réalisant qu'elle détient la clef de sa promotion, Alice va feindre la comédie d'une improbable idylle.

En choisissant de réaliser son film selon le canevas le plus classique qu'il est possible de voir dans les rom-com (c'est à dire que dans la structure narrative rien n'est vraiment, le spectateur sait quand vont se produire tels ou tels évènements) David Moreau se devait donc de créer à la fois une histoire prenante et des personnages drôles et touchants.

Il n'est pas véritablement nécessaire de s'étendre sur les cadrages du film. En effet ce n'est pas sur ce critère que le réalisateur a voulu joué pour en faire un film intéressant, il choisit là aussi de ne pas innover et de rester dans une forme classique.

L'histoire est donc assez classique et pourrait être résumé ainsi : "une femme d'âge mûre joue avec les  sentiments d'un jeune homme pour son image, va tomber amoureuse de lui et au moment où ton ira pour le mieux ce dernier apprendra qu'elle s'est moquée de lui puis ils se rabibocheront".

Il est très logique de la part de David Moreau d'aller piocher dans les personnages stéréotypés de la romcom américaine. Par exemple, Luc Apfel (joué par Charles Berling), le père du jeune homme Balthazar Apfel (joué par Pierre Niney) est très fortement inspiré (même copié ?) d'Alvin Franklin (joué par Kevin Kline), le père du personnage interprété par Ashton Kutcher, Adam Franklin dans le film Sex Friends d'Ivan Reitman. Tous les personnages qui gravitent entre Alice Lantins (Virginie Efira) et Balthazar Apfel sont de vrais clichés (secrétaire sexy et écervelé, patron de magazine très extravagant, père célèbre et riche) mais ils fonctionnent parfaitement car ils ne servent qu'à mettre en valeur les deux protagonistes.

Les deux protagonistes qui sont à première vue très typés : Alice Lantins est une cougar et Balthazar Apfel est un "toy boy" (tiré du film Toy Boy de David Mackenzie, cette appellation signifie jeune homme qui cherche des relations avec des femmes bien plus âgées que lui). Là où dans la rom-com hollywoodienne ces deux stéréotypes seraient étirés au maximum, ici David Moreau décide d'évacuer assez rapidement la différence d'âge très marquée entre eux deux (mais en la faisant réapparaitre par petites touches tout le long du film). Il s'agit très rapidement d'une histoire d'amour où l'écart d'âge ne se fait plus ressentir (Alice Lantins faisant plus jeunes que son âge et Balthazar Apfel bien plus mûr que son âge). 

Pour compliquer leur histoire d'amour et rendre le film plus intéressant le scénariste a joué sur les relations de ce couple avec d'autres personnages : Alice a déjà fondé une famille et a une fille de 8-10 ans, Balthazar vie une relation compliqué avec son père qui a une relation avec une de ses ex-copines. C'est grâce à ces petites situations qui les entourent que l'histoire gagne en rythme et en humour.

Alexis D.

Balthazar Apfel (Pierre Niney) et Alice Lantins (Virginie Efira)

Luc Apfel (Charles Berling) et Balthazar Apfel (Pierre Niney)


dimanche 24 mars 2013

A la merveille - Terrence Malick



Ecrit et réalisé par Terrence Malick
Avec : Ben Affleck, Olga Kurylenko, Rachel McAdams, Javier Bardem
1h52
Sortie : 6 mars 2013

 6/10

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Les reflets de l'amour



Pour notre plus grand plaisir, Malick a décidé d’accélérer la cadence. Deux ans après le magistral The Tree of Life, Malick revient sur les écrans avec A la merveille. Disons-le tout de suite, le film est un decrescendo face à son aîné palmé de 2011. 

Mais une baisse de nuance ne veut pas dire une baisse de qualité. Malick ne réduit pas ses ambitions. Là où il cherchait à saisir le sens de la vie dans The Tree of Life, Malick tente d'approcher le mystère de l'amour dans A la merveille. L'intrigue se concentre sur un couple, Neil et Marina, qui, après une idylle au Mont Saint-Michel, voient leur couple battre de l'aile. A cela s'ajoute l'histoire du prêtre Quintana en proie à des doutes sur sa foi. 

Comme dans The Tree of Life, Malick relie ses personnages à l'universel. Les crises de chacun sont l'occasion d'un questionnement sur l'amour et la recherche de cet amour. Amour de l'autre, amour de Dieu, même combat. Malick donne une dimension spirituelle à cet amour. Le choix du Mont Saint-Michel pour prélude à la relation entre Neil et Marina n'est pas anodin. Lieu entre ciel et terre, Malick nous affirme que l'amour a une dimension verticale et mystique. Ainsi, le film ne peut se terminer que par un plan du Mont Saint-Michel, métaphore des liens qui unissent deux entités, médiation entre le profane et le sacré. 

A la merveille ne présente pas d'intrigue classique. Le projet du film est plutôt de peindre des sentiments. Si la caméra de Malick est aussi expressive, frôlant parfois le maniérisme, c'est pour mieux épouser, non pas l'action, mais l'émotion des sujets filmés. Le film se donne comme une introspection. Les voix-off incessantes mettent au second plan les dialogues. Les protagonistes conversent avec l'autre par leur conscience. Malick associe l'histoire personnelle à des enjeux cosmiques. L'Homme est en constante communication avec une force supérieure : l'amour ou Dieu (soit la même chose).

Si le film est fortement cohérent dans son propos, on regrettera l'absence de direction claire et fixe. Malick, par moment, si il sait ce qu'il veut dire, ne sait plus trop comment le montrer et le film souffre d'un manque de structuration. Malick, en faisant l'esquisse d'un sentiment aussi fort que l'amour, prend le risque de perdre son spectateur en chemin. 

Mais le discours l'emporte sur la manière. Malick donne à son film un aspect quasi néo-platonicien. L'amour est la recherche de la complétude et d'une idée de Beau, de Bien, de Vérité. Le monde devient l'empreinte, l'écho déformé de cette volonté de perfection. Le montage d'A la merveille ne cesse d'associer les protagonistes à la Terre et aux éléments naturels, vestiges de l'amour. Ce besoin d'harmonie avec l'autre, dans le couple ou avec Dieu, témoigne d'un besoin d'harmonie avec le monde. L'amour est volonté d'unification, aspiration à l'Un. Le Mont Saint-Michel, le couple, la communion avec Dieu sont de multiples exemples de cette équation tant désirée par chacun qu'est 1+1=1.

Adrien V.

 Neil (Ben Affleck) et Jane (Rachel McAdams)

Père Quintana (Javier Bardem) et Marina (Olga Kurylenko)



samedi 23 mars 2013

Le Mur invisible - Julian Roman Pölsler



Ecrit et réalisé par Julian Roman Pölsler
D'après l'oeuvre Die Wand de Marlen Haushofer
Avec : Martina Gedeck
1h48
Sortie : 13 mars 2013

8/10

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Seule


S'enclenchant par un évènement surnaturel, le film de Pölsler nous invite à observer la condition d'un être humain, ici une femme (dont aucun nom ne lui est attribué), tel un enfant observant un animal à travers un vivarium. Celle-ci est coincée dans une parcelle du monde merveilleuse que Pölsler daigne à montrer.

Synopsis : Une femme se retrouve seule dans un chalet en pleine forêt autrichienne, séparée du reste du monde par un mur invisible au-delà duquel toute vie semble s'être pétrifiée pendant la nuit. Tel un moderne Robinson, elle organise sa survie en compagnie de quelques animaux familiers et s'engage dans une aventure humaine bouleversante.

Tragique histoire que celle de cette femme enfermée en forêt à cause d'un mur invisible. Cette histoire a tout de celle d'un Robinson Crusoe au féminin. L'une des réussites du film est de créer un univers clos alors que nous avons à faire  à un paysage qui paraît vaste. De l'autre côté de mur, les êtres humains sont statiques alors que la nature et le temps continuent de faire leurs effets. Personne ne peut donc entrer dans cet espace clos et la femme, elle, n'a aucun moyen d'en sortir. Le son est extrêmement bien ficelé. En effet alors que l'on ne peut pas voir le mur, puisqu'il est invisible, celui ci est traité par le son d'une manière particulière qui permet, si ce n'est de le voir, de le ressentir.

Toute l'idée du film est de montrer comment cette femme va faire pour garder son humanité. Au cours du temps, son côté humain va se dégrader et laisser place à un côté animal. Seule l'écriture lui permet de résister à un pur instinct de survie.

La relation entre l'homme, l'animal et la nature est également très intéressante. Entourée d'un chien, de chats, d'une vache et d'un veau, ses seuls contacts, la femme devient de plus en proche de ceux-ci jusqu'à les considérer comme des humains (notamment le chien). D'ailleurs lorsqu'ils sont menacés, elle laisse toute raison et intelligence de côté pour les sauver. Les plans de natures sont également omniprésents à la manière d'un certain Malick avec cependant moins de poésie.

La narration est très spéciale. La femme nous raconte son histoire, via son journal, en voix off. Très importante, cette voix off par est par contre le gros défaut de Le Mur invisible. Tout d'abord la cause est son incessante utilisation. Cela à pour effet d'empêcher à l'histoire d'avoir des respirations et d'oppresser le spectateur. L'autre cause est le fait que cette voix-off n'est pas toujours nécessaire. Elle est très régulièrement redondante avec ce qui est montré à l'image. Alors que cet effet pourrait être intéressant, sa sur-utilisation en fait un procédé totalement ennuyeux et inutile.

Martina Gedeck porte, seule, le film sur les épaules. Totalement dans son rôle, elle fait ressentir toute la solitude de sa condition, la difficulté de sa survie et aussi les quelques beaux moments de l'histoire.

Le film paraît très réaliste, malgré la présence de mur invisible. Aucune informations le concernant n'est explicité. Le spectateur ne sera jamais comment il est apparu, d'où il provient et d'ailleurs ce n'est pas le sujet du film. La femme ne cherche pas à sortir de cet endroit mais de survivre dans cette merveilleuse prison.

La fin, sans en dévoiler le contenu, se veut à la fois très belle (la femme retrouve une certaine joie de (sur)vivre à ce moment) et aussi malheureuse puisque le spectateur imagine très bien ce qui lui arrivera par la suite.

Alexis D.

La femme (Martina Gedeck)


jeudi 21 mars 2013

L'Artiste et son modèle - Fernando Trueba


Réalisé par Fernando Trueba
Ecrit par Fernando Trueba et Jean-Claude Carrière
Avec : Jean Rochefort, Aida Folch, Claudia Cardinale
1H45
Sortie : 13 mars 2013

8/10

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Regardez la, admirez le !


Premier film en français du cinéaste espagnol Fernando Trueba. Avec l'aide d'un des scénaristes français les plus reconnus, Jean-Claude Carrière (qui a notamment collaboré avec Luis Buñuel), il met en scène la conception de la dernière oeuvre du sculpteur Marc Cros. Un très bon film d'auteur, prétentieux sur certains aspects. 

Synopsis : Eté 1943, dans la France occupée, non loin de la frontière espagnole. Marc Cros, célèbre sculpteur, vit une retraite paisible avec sa femme Léa, anciennement son modèle. Fatigué de la vie et de la folie des hommes, il est à la recherche d'une inspiration nouvelle, mais rien ne semble le sortir de la monotonie ambiante.
En hébergeant Mercé, une jeune espagnole échappée d'un camp de réfugiés, le vieil artiste découvre une nouvelle muse et retrouve le goût du travail. Il démarre alors la sculpture de sa dernière oeuvre...  

Film parlant en Noir et Blanc, L'Artiste et son modèle joue sur tous les tableaux, l'adjectif le qualifiant le mieux serait "beauté".

Tout d'abord, beauté de l'histoire. La relation qu'entretiennent le sculpteur Marc Cros (joué par Jean Rochefort qui a rarement été aussi bon dans un rôle aussi sérieux) et son nouveau modèle Mercè (interprété par la ravissante actrice espagnole Aïda Folch) leur apporte une grande profondeur, à la fois sublime et perverse. Marc Cros et Mercè ont une conception différente de leur lien. Lui, homme de prestance, joue de son pouvoir et de sa hiérarchie. Elle, fait preuve d'une légère naîveté mais aussi de courage, de soif d'aventure (l'action se passant pendant l'occupation allemande, elle aide des juifs à passer la frontière franco-espagnole). Le côté pervers de cette relation apparait assez tardivement dans le film. Marc Cros est assez ferme et refuse qu'elle parte escorter des juifs en Espagne car ces périples lui laissent des séquelles physiques. Cela pourrait être vu simplement comme un ordre du patron. Or par la suite, le spectateur comprend que Marc Cros n'est pas insensible aux courbes de cette jeune femme. Il y aurait donc ici une volonté de possession, de ne pas la partager. Il s'en suivra l'une des scènes les plus magnifiques du film où Mercè et Marc Cros s'observe et se touche (uniquement le visage) très tendrement, avec énormément d'amour. Il voit en elle la beauté de la jeunesse, elle voit en lui les marques de l'âge mais aussi la puissance de ce sculpteur.

Cet beauté, à la fois de la relation et des personnages, est accentué par la beauté de l'image. Tout d'abord grâce au cadre dans lequel le film se déroule, un paysage sudiste, ensoleillé avec une ambiance sonore très chaleureuse. Ensuite beauté de l'art, que ce soit la peinture et la sculpture. Tout cela s'englobe dans le travail très pointilleux du directeur de la photographie, Daniel Vilar. Le Noir et Blanc est très détaillé, proposant une palette de gris immense.

Ce discours vis-à-vis de l'art, de la relation ambigüe entre le sculpteur et son modèle additionné à l'utilisation du Noir et Blanc et à la réussite du scénario pose ce film comme étant un très bon film d'auteur.

Il y a néanmoins une démarche prétentieuse dans ce film. Il s'agit du Noir et Blanc. Certainement utilisé pour rendre l'image belle, il n'y a pas d'autres raisons à cela. Il s'accapare du Noir et Blanc sans essayer de discourir de sa fonction, au contraire de Blancanieves de Pablo Berger qui s'interroge sur la façon d'allier cet élément avec les capacités techniques et actuelles. Ce choix laisse penser que Fernando Trueba a la prétention de tourner de film d'auteur et ce faisant il use du Noir et Blanc pour l'accentuer, l'affirmer. 

Un dernier mot tout de même sur la fin du film, sans en dévoiler le contenu. Fernando Trueba, grâce à la malheureuse fin de vie de Marc Cros, conclut son film sur une des fins les plus émouvantes du cinéma français de ces derniers mois mêlant tristesse et espoir.


Alexis D.

Mercè (Aida Folch)

Marc Cros (Jean Rochefort)

mercredi 20 mars 2013

No - Pablo Larraín



Réalisé par Pablo Larraín
Ecrit par Pedro Peirano
D'après la pièce Le Référendum d'Antonio Skarmeta
Avec : Gael Garcia Bernal, Luis Gnecco...
1h57
Sortie : 6 mars 2013

7/10

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Cámara política


Avec son quatrième long métrage, Pablo Larraín clôt sa magnifique trilogie sur le Chili des années soixante dix et quatre vingt sous l’emprise du dictateur Augusto Pinochet. Ce troisième et dernier film nous expose une campagne publicitaire assez originale : la campagne du No. Pinochet, devant mettre en place un référendum à propos de sa maintenance au pouvoir pour encore plusieurs années, va se faire des ennemis, conduits par un parti opposant extrêmement rusé.

Synopsis : Chili, 1988. Lorsque le dictateur chilien Augusto Pinochet, face à la pression internationale, consent à organiser un référendum sur sa présidence, les dirigeants de l’opposition persuadent un jeune et brillant publicitaire, René Saavedra, de concevoir leur campagne. Avec peu de moyens, mais des méthodes innovantes, Saavedra et son équipe construisent un plan audacieux pour libérer le pays de l’oppression, malgré la surveillance constante des hommes de Pinochet.

Cette fois ci Pablo Larraín s’entoure d’un grand acteur mexicain du moment, Gael Garcia Bernal (remarquable chez Pedro Almodovar dans La mauvaise éducation, ou encore en Che Guevara chez Walter Salles). Il interprète René Saavedra, le chef publicitaire qui va tenter de rassembler (et de créer) des partisans du No, dans le but de mettre fin au mandat d’Augusto Pinochet. Si l’on connaît déjà le fin mot de l’histoire en entrant dans la salle, le film de Pablo Larraín, possédant des défauts mineurs, parvient à captiver son public et à le faire prendre part lui aussi à la campagne du No. Bien plus qu’une simple démonstration, No entre aussi dans la catégorie de  « film témoignage » par la solidité de sa mise en scène et son grand discours sur toute une génération. L’analogie avec un film du mois précédent, Lincoln de Steven Spielberg, peut se faire remarquer : chez Spielberg, nous nous intéressions à la chambre politique,  et chez Larraín, c’est la chambre d’un parti politique que nous sommes invités à découvrir. 

Larraín a décidé, pour rester dans les tons de l’époque (fin des années quatre vingt), d’ajouter une texture particulière à son image, rappelant la télévision de ces années là (également visible par le format en quatre tiers). La caméra à l’épaule nous fait aussi penser à une caméra de reportage (et donne également un aspect documentaire, incontournable dans ce genre de film). Nous avons constamment l’impression d’être devant un reportage télévisé datant d’il y a vingt ans, et cette touche de réalisme vient renforcer tout notre intérêt pour cette histoire à l’apparence banale, et surtout non écrite à priori pour un long métrage. C’est peut être sur ce point précis que No déçoit : nous ne sommes pas à l’abris de certaines longueurs. Sa mise en scène, au bout d’une heure de film, finit par s’étirer inutilement et alourdit considérablement cette histoire politique, bien que Larraín nous divertisse quand même avec des extraits d’émissions de ces années, particulièrement drôles. Bien plus que de montrer une simple campagne, No souligne également le rôle et la place des « mass medias » dans la société de la fin des années quatre vingt, en adoptant un recul assez juste et pertinent.

Le final est sans doute l’un des meilleurs moments : anti hollywoodien, sans suspense, sans cris de joie soudain, avec un Gael Garcia Bernal pessimiste ne croyant pas à la victoire dans l’immédiat, No ne tombe jamais dans le cliché attendu, et surprend, autant par la simplicité de son scénario que par la justesse du jeu de Gael Garcia Bernal, jamais dans l’excès. Son personnage étant suffisament développé, du fait de la présence de quelques scènes de vie privée avec sa famille. Dans la bonne humeur, Pablo Larraín nous met en lumière une partie de l’histoire politique du Chili assez méconnue en France, en nous offrant une œuvre libre pleine d’humanité, avec un traitement plus ou moins original parfaitement accessible.

Jeremy S. 


René Saavedra (Gael Garcia Bernal)

Manifestation contre Augusto Pinochet


samedi 16 mars 2013

The Sessions - Ben Lewin


Ecrit et réalisé par Ben Lewin
D'après l'article On seeing a sex surrogate de Mark O'Brien
Avec : John Hawkes, Helen Hunt, William H. Macy...
1h35
Sortie : 6 mars 2013

6/10

-

Paralysie et par amour


Basé sur l'histoire vraie de Mark O'Brien, The Sessions est une des bonnes surprises de cette semaine. Bien que cinématographiquement très classique et peu innovant, le film se repose sur un scénario béton et une histoire très touchante. Mêlant beauté, gêne, humour et sexualité, Ben Lewin a parfaitement dosé tous ces ingrédients. 

Synopsis : Mark fait paraître une petite annonce : "homme, 38 ans, cherche femme pour relation amoureuse, et plus si affinités. En revanche paralysé... Amatrices de promenade sur la plage s'abstenir...". L'histoire vraie et bouleversante d'un homme que la vie a privé de tout, et de sa rencontre avec une thérapeute qui va lui permettre d'aimer, "comme tout le monde".

La réussite du film vient de son histoire, adapté d’un article de Mark O’Brien, établissant un constat de la sexualité chez les handicapés à travers son propre handicap. Victime de la polio dès son plus jeune âge, Mark O’Brien va se retrouver paralysé, à devoir respirer à l’aide d’une « cage » dans laquelle il est enfermé. Mark O’Brien voulait partager son histoire, quoi de mieux que le cinéma pour la faire revivre. John Hawkes, qui interprète Mark O’Brien, est réellement époustouflant. Son corps donne l’impression de souffrir de cette maladie. Pour autant, Ben Lewin arrive à faire suivre l’histoire au spectateur sans pour autant le mettre mal à l’aise ou lui provoquer un sentiment de pitié.

C’est en cela que Ben Lewin épate. Il fait ressentir des émotions alors que l’image, en elle-même, devrait procurer d’autres sensations. C’est le cas par exemple lors des scènes où Mark O’Brien apprend à découvrir sa sexualité grâce à l’assistant sexuelle Cheryl Cohen Greene (personnage auquel Helen Hunt prête magnifiquement ses traits). Alors que ces moments de sexualité sont montrés très frontalement (Helen Hunt donne de sa personnage en apparaissant plusieurs fois dénudées) et que les personnages en parlent très simplement et de manière décontractée (surtout pour Cheryl Cohen Greene), une certaine pudeur dépasse tout cela, effaçant l’aspect cru de ces initiations.

L'autre interrogation que ce film pose est la relation entre croyance et sexualité. The Sessions alterne les scène de sexe avec les confessions de Mark O'Brien à l'église. Mark O'Brien demande conseil et attend la bénédiction du Père Brandon qui lui est tiraillé entre ses convictions religieuses et les envies de Mark O'Brien (comme par exemple d'accepter ou non à Mark O'Brien d'avoir des rapports avant le mariage). Ce dernier est brillamment interprété par William H. Macy.

Malgré toute cette réussite, The Sessions possède une énorme lacune (qui reste néanmoins bien enfoui derrière le jeu des acteurs et le scénario). En effet, si l'on s'occupe uniquement de l'aspect filmique (en effaçant l'aspect scénariste)  le film reste très basique. Comme c'est souvent le cas dans ce genre le film, l'accent est mis sur l'histoire. Ben Lewin, bon "raconteur", manque d'ingéniosité dans la manière de filmer. C'est très certainement ce défaut qui n'a pas permis à The Sessions de remporter de beaux prix et d'avoir une aura très forte.

Tout cela se termine en apothéose. Alors que l'on pourrait avoir, comme c'est souvent le cas, un happy end niais, Ben Lewin propose quelque chose de plus subtil, à la fois dramatique et joyeux. Il n'a pas raté cette dernière marche.


Alexis D.

Cheryl Cohen Greene (Helen Hunt) et Mark O'Brien (John Hawkes)


Père Brandon (William H. Macy) et Mark O'Brien (John Hawkes)



jeudi 7 mars 2013

Janvier / Février 2013 - Bilan

Films vus (Janvier et Février 2013)

Film
Auteur
Sortie
Jeremy S.
Alexis D.
Adrien V.
Adam Leon
2 janvier 2013
8
-
-
Gilles Bourdos
2 janvier 2013
7
-
-
Laurent Cantet
2 janvier 2013
6
-
-
Paradis : Amour
Ulrich Seidl
9 janvier 2013
1
-
-
Paul Thomas Anderson
9 janvier 2013
7
9
8
Quentin Tarantino
16 janvier 2013
9
10
9
Kathryn Bigelow
23 janvier 2013
8
8
-
Kim Jee-Woon
23 janvier 2013
2
2
-
Gérard Mordillat
23 janvier 2013
2
1
-
Im Sang-Soo
23 janvier 2013
4
5
-
Santiago Mitre
23 janvier 2013
7
7
-
Pablo Berger
23 janvier 2013
9
8
-
Steven Spielberg
30 janvier 2013
5
4
8
David O. Russell
30 janvier 2013
7
7
-
Martin McDonagh
30 janvier 2013
6
7
-
David Marconi
30 janvier 2013
1
2
-
Haiffa Al Mansour
6 février 2013
6
-
-
James Marsh
6 février 2013
7
-
-
Jean Claude Brisseau
6 février 2013
4
-
-
Sacha Gervasi
6 février 2013
5
4
-
Ruben Fleischer
6 février 2013
-
7
-
Robert Zemeckis
13 février 2013
7
6
-
Tom Hooper
13 février 2013
3
-
-
Brian De Palma
13 février 2013
7
9
-
Brandon Cronenberg
13 février 2013
6
9
-
John Moore
20 février 2013
-
4
-
5 caméras brisées
Emad Burnat et Guy Davidi
20 février 2013
7
-
-
Cate Shortland
20 février 2013
6
-
-
Pablo Trapero
20 février 2013
7
7
-
Eric Rochant
27 février 2013
-
4
-



Et aussi... 


2 janvier 2013 :

Hot hot hot de Béryl Koltz
Faire quelque chose de Vincent Goubet
La stratégie de la poussette de Clément Michel
Le monde de Charlie de Stephen Chbosky
Le Roi du Curling de Ole Endresen
L'homme aux poings de fer de RZA
Maniac de Franck Khalfoun
Mon père va me tuer de Daniele Cipri
Yossi de Eytan Fox

Yossi de Eytan Fox

9 janvier 2013 :

Selkirk, le véritable Robinson Crusoé de Walter Tournier
Comme un lion de Samuel Collardey
Les jeux des nuages et de la pluie de Benjamin de Lajarte
Aujourd'hui de Alain Gomis
Un prince (presque) charmant de Philippe Lellouche
Une histoire d'amour de Hélène Fillières

Aujourd'hui d'Alain Gomis

16 janvier 2013 :

Paulette de Jérôme Enrico
Alceste à bicyclette de Philippe Le Guay
La parade de Srdjan Dragojevic
Pauvre Richard de Malik Chibane
L'homme qui viendra de Giorgio Diritti
Lullaby to my father de Amos Gitaï
Mundane History de Anocha Suwichakornpong
Ultimo Elvis de Armando Bo

La parade de Srdjan Dragojevic

23 janvier 2013 :

Max de Stéphanie Murat
Rue Mandar de Idit Cebula
Malcolm de Ashley Cahill
Par exemple, Electre de Jeanne Balibar et Pierre Léon
Too much love will kill you de Christophe Karabache
Cookie de Léa Fazer
Mariage à Mendoza de Edouard Deluc
Somebody up there like me de Bob Byington

Mariage à Mendoza de Edouard Deluc

30 janvier 2013 :

Amitiés sincères de Stephan Archinard et François Prévôt-Leygonie
Rendez-vous à Kiruna de Anne Novion
Portrait de famille de Morteza Ahadi Sarkani, Mohammad Ali Soleymanzadeh et Mahin Javaherian
La maison de mon père de Gorka Merchan
After de Géraldine Maillet
Công Binh la longue nuit indochinoise de Lam Lê
Crawl de Herve Lasgoutte
Dans la brume de Sergueï Loznitsa
Invisible de Michal Aviad
La tête en l'air de Ignacio Ferreras
Pas très normales activités de Maurice Barthélémy
Un week-end en famille de Hans-Christian Schmid

Dans la brume de Sergueï Loznitsa

6 février 2013 :

Tu honoreras ta mère et ta mère de Brigitte Roüan
Arrêtez-moi de Jean-Paul Lilienfeld
Hiver nomade de Manuel von Stürler
David (Tamil) de Bejoy Nambiar
David - Hindi de Bejoy Nambiar
Le Prince Miiaou de Marc-Antoine Roudil
La grosse comission de Dick Turner
Ab Irato, sous l'empire de la colère de Dominique Boccarossa
Chatrak de Vimukthi Jayasundara
Gambit, arnaque à l'anglaise de Michael Hoffman
La bande des Jotas de Marjane Satrapi  

Arrêtez-moi de Jean-Paul Lilienfield

13 février 2013 :

Hôtel Transylvanie de Genndy Tartakovsky
Turf de Fabien Onteniente
L'ogre de la Taïga de Konstantin Bronzik, Sergeï Mirenov et Inga Korjnera
Rose et Violette de A. Ruhemann, S. Tan, L. Seynhave, R. Ranson et J. Klauser
Goodbye Morocco de Nadir Moknèche
La poussière du temps de Théo Angelopoulos
D'une école à l'autre de Pascale Diez
Des morceaux de moi de Nolwenn Lemesle
Ici et là-bas de Antonio Méndez Esparza
La valise ou le cercueil de Charly Cassan et Marie Havenel
Naitre père de Delphine Lanson
Scialla ! de Francesco Bruni

La poussière du temps de Théo Angelopoulos

20 février 2013 :

Vive la France de Michaël Youn
Chimpanzés de Mark Linfield et Alastair Fothergill
La vraie vie des profs de Emmanuel Klotz et Albert Pereira Lazaro
Pinocchio de Enzo d'Alo
Syngué Sabour - Pierre de Patience de Atiq Rahimi
Des abeilles et des hommes de Markus Imhoof
Monstres... pas si monstrueux ! de J. Bueno, C. Li, C. Lepicard, I. Pagniez et J. Roguet
Les chevaux de Dieu de Nabil Ayouch
Habana Muda de Eric Brach
La Demora de Rodrigo Pla
Les aventures de Miriam de P. Tender, R. Unt, A. Tenusaar, M.L. Bassovskaja et J. Girlin

Les chevaux de Dieu de Nabil Ayouch

27 février 2013 :

Boule & Bill de Alexandre Charlot et Frank Magnier
Sublimes créatures de Richard LaGravenese
Du plomb dans la tête de Walter Hill
Week-end Royal de Roger Michell
Zaytoun de Eran Riklis
Aadhi Bhagavan de Ameer Sultan
Battle of the Year de Benson Lee
As if I am not there de Juanita Wilson
Bestiaire de Denis Côté
Les équilibristes de Ivano de Matteo
Ouf de Yann Coridian

Week-end Royal de Roger Michell