samedi 2 mars 2013

La Fille de nulle part - Jean Claude Brisseau



Ecrit et réalisé par Jean Claude Brisseau
Avec : Jean Claude Brisseau, Virginie Legeay...
1h31
Sortie : 6 février 2013

4/10

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"Fait maison"


M. Jean Claude Brisseau ne parvient plus à financer ses films. M. Jean Claude Brisseau a donc la brillante idée, pour son nouveau film, de tourner (et de se mettre en scène) dans son propre appartement. Si un grand souffle mystique non dénué d’intérêt se dégage de ce nouvel opus,  La Fille de nulle part est aussi un film d'auteur terriblement prétentieux, laid, et stupide.  

Synopsis : Michel, professeur de mathématiques à la retraite, vit seul depuis la mort de sa femme et occupe ses journées à l’écriture d’un essai sur les croyances qui façonnent la vie quotidienne. Un jour, il recueille Dora, une jeune femme sans domicile fixe, qu’il trouve blessée sur le pas de sa porte et l’héberge le temps de son rétablissement. Sa présence ramène un peu de fraîcheur dans la vie de Michel, mais peu à peu, l’appartement devient le théâtre de phénomènes mystérieux.

L'aspect « poétique fauché » du film de Brisseau est mis à nu dès la première scène : Il recueille Dora, soit disant gravement blessée par son agresseur. L'artifice est parfaitement visible, on en conclut donc que c'est une volonté du réalisateur (l'agression n'est également pas montrée). L'atmosphère du film, peu sérieuse, peut donc plaire aux premiers abords. Malheureusement, elle va se dégrader tout au long de la progression de cette histoire ridicule, et petit à petit, nous commencerons à entrevoir une grande panne d'inspiration du scénariste, Brisseau lui même. Enormément de scènes par la suite apparaissent comme faisant office de « bouche trou ».
 
Le lieu de tournage étant son propre appartement, Brisseau n'hésite pas à étaler sa culture et sa passion pour le cinéma (Bergman, John Ford et d'autres seront évoqués), ou même à en faire explicitement référence (scène terrifiante avec la copie conforme de Norman Bates de Psychose d'Hitchcock). Cette scène saugrenue au milieu du film surprend autant que beaucoup d'autres, par ailleurs très en rapport avec la religion, thème omniprésent dans l'oeuvre du cinéaste. La résurrection des morts (en particulier sa femme) est tout de même un thème profondément éculé dans le cinéma fantastique. Si certaines scènettes peuvent nous faire penser au cinéma du  thaïlandais Apichatpong Weerasethakul (qui lui est un véritable génie faisant de ce thème autre chose qu'un simple archétype du cinéma fantastique), celles de Brisseau n'apportent strictement rien à son intrigue qui aurait presque pu s'en passer : Surréalisme et onirisme ne sont pas les bienvenus dans cette histoire, pas assez développée, avec des personnages d'une platitude exaspérante. L'aspect autobiographique est lui aussi très désagréable, compte tenu du fait que Brisseau ne prend même pas d'alter ego.  

Mais le pire dans tout cela est sans conteste la bande son. La symphonie N°5 de Gustave Mahler (nous faisant penser au chef d'oeuvre de Visconti, Mort à Venise, 1971) reviens une dizaine de fois, et accentue l'« effet prétentieux dramatique ridicule » qui nous étouffe au bout d'une longue heure. 

La Fille de nulle part a quand même le mérite de révéler une jeune diplômé de la FEMIS (département scénario) : Virginie Legeay (Dora). C'est aussi le principal atout (et peut être bien le seul) de ce souffrant et pathétique film d'auteur. 

Jeremy S.


Michel (Jean Claude Brisseau) et Dora (Virginie Legeay)

Michel (Jean Claude Brisseau) - Scène onirique



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