samedi 16 mars 2013

The Sessions - Ben Lewin


Ecrit et réalisé par Ben Lewin
D'après l'article On seeing a sex surrogate de Mark O'Brien
Avec : John Hawkes, Helen Hunt, William H. Macy...
1h35
Sortie : 6 mars 2013

6/10

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Paralysie et par amour


Basé sur l'histoire vraie de Mark O'Brien, The Sessions est une des bonnes surprises de cette semaine. Bien que cinématographiquement très classique et peu innovant, le film se repose sur un scénario béton et une histoire très touchante. Mêlant beauté, gêne, humour et sexualité, Ben Lewin a parfaitement dosé tous ces ingrédients. 

Synopsis : Mark fait paraître une petite annonce : "homme, 38 ans, cherche femme pour relation amoureuse, et plus si affinités. En revanche paralysé... Amatrices de promenade sur la plage s'abstenir...". L'histoire vraie et bouleversante d'un homme que la vie a privé de tout, et de sa rencontre avec une thérapeute qui va lui permettre d'aimer, "comme tout le monde".

La réussite du film vient de son histoire, adapté d’un article de Mark O’Brien, établissant un constat de la sexualité chez les handicapés à travers son propre handicap. Victime de la polio dès son plus jeune âge, Mark O’Brien va se retrouver paralysé, à devoir respirer à l’aide d’une « cage » dans laquelle il est enfermé. Mark O’Brien voulait partager son histoire, quoi de mieux que le cinéma pour la faire revivre. John Hawkes, qui interprète Mark O’Brien, est réellement époustouflant. Son corps donne l’impression de souffrir de cette maladie. Pour autant, Ben Lewin arrive à faire suivre l’histoire au spectateur sans pour autant le mettre mal à l’aise ou lui provoquer un sentiment de pitié.

C’est en cela que Ben Lewin épate. Il fait ressentir des émotions alors que l’image, en elle-même, devrait procurer d’autres sensations. C’est le cas par exemple lors des scènes où Mark O’Brien apprend à découvrir sa sexualité grâce à l’assistant sexuelle Cheryl Cohen Greene (personnage auquel Helen Hunt prête magnifiquement ses traits). Alors que ces moments de sexualité sont montrés très frontalement (Helen Hunt donne de sa personnage en apparaissant plusieurs fois dénudées) et que les personnages en parlent très simplement et de manière décontractée (surtout pour Cheryl Cohen Greene), une certaine pudeur dépasse tout cela, effaçant l’aspect cru de ces initiations.

L'autre interrogation que ce film pose est la relation entre croyance et sexualité. The Sessions alterne les scène de sexe avec les confessions de Mark O'Brien à l'église. Mark O'Brien demande conseil et attend la bénédiction du Père Brandon qui lui est tiraillé entre ses convictions religieuses et les envies de Mark O'Brien (comme par exemple d'accepter ou non à Mark O'Brien d'avoir des rapports avant le mariage). Ce dernier est brillamment interprété par William H. Macy.

Malgré toute cette réussite, The Sessions possède une énorme lacune (qui reste néanmoins bien enfoui derrière le jeu des acteurs et le scénario). En effet, si l'on s'occupe uniquement de l'aspect filmique (en effaçant l'aspect scénariste)  le film reste très basique. Comme c'est souvent le cas dans ce genre le film, l'accent est mis sur l'histoire. Ben Lewin, bon "raconteur", manque d'ingéniosité dans la manière de filmer. C'est très certainement ce défaut qui n'a pas permis à The Sessions de remporter de beaux prix et d'avoir une aura très forte.

Tout cela se termine en apothéose. Alors que l'on pourrait avoir, comme c'est souvent le cas, un happy end niais, Ben Lewin propose quelque chose de plus subtil, à la fois dramatique et joyeux. Il n'a pas raté cette dernière marche.


Alexis D.

Cheryl Cohen Greene (Helen Hunt) et Mark O'Brien (John Hawkes)


Père Brandon (William H. Macy) et Mark O'Brien (John Hawkes)



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