lundi 28 janvier 2013

Django Unchained - Quentin Tarantino



Ecrit et réalisé par Quentin Tarantino
Avec : Jamie Foxx, Christoph Waltz, Leonardo Dicaprio, Kerry Washington, Samuel L. Jackson...
Musique originale : Ennio Morricone 
2h45
Sortie : 16 janvier 2013

10/10

Attendu comme la nouvelle bombe atomique du génialissime Quentin Tarantino, le remake de Sergio Corbucci (Django, 1966) à d’ores et déjà conquis public et critique. Django Unchained est-il un « Tarantino  parmi les autres », comme pouvait l’être Jackie Brown (1997) ou plus récemment Inglourious Basterds (2011) ? Négatif. Ce nouvel opus, classique instantané, transcende toute la magie tarantinesque des précédents films pour créer une œuvre encore plus grandiose, plus grinçante, plus référencée, encore plus sublime.

Depuis ses débuts au cinéma, Tarantino souhaitait réaliser un western spaghetti en hommage à son idole, Sergio Leone. L’histoire – plutôt simple en apparence - raconte la libération d’un esclave noir (Django) par un chasseur de primes (Dr King Schultz), qui va l’aider à libérer sa femme (Broomhilda von Shaft) de l’emprise de Calvin Candie, un propriétaire terrien du Mississipi, le grand méchant (magnifiquement interprété par l’un des plus grands acteurs de notre temps, Leonardo Dicaprio). Avec ce scénario en apparence basique, Tarantino nous déploie sa panoplie et ses outils habituels, durant pas moins de 2h45 (qui passent à une vitesse folle). Le détournement de genre à toujours passionné Tarantino, et il ne l’a peut être jamais aussi bien mis en forme que dans ce nouveau Django. Qu’on apprécie ou non le western spaghetti, l’aventure de Django déchainé apparaît comme l’une des plus séduisante du cinéaste. Si Inglourious Basterds atteignait déjà un sommet de ce côté là (en parodiant le film de guerre et la 2nd guerre mondiale), Tarantino est encore plus à l’aise avec le western. Les compositions d’Ennio Morricone sont un pur délice. Les scènes de tension en prélude aux boucheries sont d’une jouissance exaltante. Car cette jouissance, depuis son chef d’œuvre (Kill Bill) avait quelque peu été effacée dans ses deux précédents films (Death Proof souffrait d'une trop grande liberté d'amusement). Effusions de sang (Kill Bill), tortures (Reservoir Dogs), dialogues travaillés à l’extrême (Pulp Fiction) et vannes hilarantes sont au rendez vous.

Dr King Schultz (Christoph Waltz) et Django (Jamie Foxx)


Le contexte historique dans lequel s’inscrit Tarantino (1858, avant la guerre de Sécession) est très propice à cette aventure. Insultes (neeger !) et blagues racistes en pagaille, Quentin s’amuse et ne vise aucunement le peuple noir de cette époque. La polémique aux Etats Unis est en ce sens totalement grotesque. Les acteurs (Jamie Foxx, Samuel L. Jackson et Kerry Washington) affirment d’ailleurs avoir pris plaisir au tournage et qu’il n’y a aucune vision raciste chez notre ami Quentin.
Côté casting, le sans faute est atteint. Jamie Foxx n’avait pas eu un tel rôle depuis celui de Ray Charles (Ray, 2004). Samuel L. Jackson est hilarant, et Kerry Washington renversante. Christoph Waltz n’est pas une grande surprise, après le colonel Hans Landa de Inglourious Basterds pour lequel il avait remporté le prix cannois. Sans oublier l’immense Dicaprio, qui ne fait que confirmer son talent.  Cette ribambelle d’acteurs pourrait être instable et inégale : il n’en est rien. Il convient de signaler également que le casting définitif a mis du temps à se mettre en place. En pré production (avant le tournage), Dicaprio devait tenir le rôle de Christophe Waltz, et Will Smith celui de Jamie Foxx. Rien ne dit que ce combo n’aurait pas fonctionné ! 

Car l’interprétation de Jamie Foxx est ici à son apogée. C’est avec lui que nous vivons cette aventure sanglante, drôle, et par moment terrifiante. Nous le regardons de loin au début, puis nous nous rapprochons, jusqu’à être à ses côté, et enfin véritablement « être » Django. La puissance de la mise en scène de Tarantino est inouïe. Impossible de s’en lasser. Des sublimes ralentis de Kill Bill aux champ conte champ de Pulp Fiction, tous les ingrédients sont présents, et servent la mise en scène d’un grand cinéaste, qui avec ce nouveau bijou atteint un succès public impressionnant. Il est, et le restera, "un cinéaste du cool". 

Le happy end est un véritable « feu d’artifice » et Tarantino referme son œuvre, de façon à la fois très puissante, et très légère. Le bémol? Nous n’en avons pas eu assez. Et pour cela, on peut (peut être) espérer un director’s cut de trois heures à la sortie en DVD et Blu Ray. 

Ce Django Unchained, très proche des sommets de Tarantino, entrera dans l’histoire. C'est sanglant, c'est drôle, c'est passionnant, c'est beau. Mais pas seulement. 
VIVE LE CINEMA !




Calvin Candie (Leonardo Dicaprio)

Stephen (Samuel L. Jackson) et Broomhilda von Shaft (Kerry Washington)

Django (Jamie Foxx)


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