jeudi 12 septembre 2013

Tirez la langue, mademoiselle - Axelle Ropert



Ecrit et réalisé par Axelle Ropert
Avec : Louis Bourgoin, Cédric Kahn, Laurent Stocker...
1h42
Sortie : 4 septembre 2013 

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L'amour rétro

Que penser en remarquant Louise Bourgoin à l’affiche du nouveau film de la jeune Axelle Ropert ? Probablement la même chose qu’avec François Damiens dans La famille Wolberg, premier film de la cinéaste, d’une fraicheur absolue et inattendue au tournant du cinéma français contemporain.

Tirez la langue, mademoiselle continue dans le même registre, explore la même idée tout en l’approfondissant : conter une histoire simple et charmante, dans une mise en scène et un jeu d’acteur libellée d’ancien grand cinéma français (François Truffaut, Eric Rohmer, Louis Malle…). Une œuvre rétro, ce nouveau film l’est davantage que le précédent : décidant de scénariser une histoire qui pourrait avoir lieu cinquante ans auparavant, Axelle Ropert prend le parti pris de filmer selon ses goûts et ses observations. La définition d’un film d’auteur ? Pas seulement.

Boris et Dimitri Pizarnik, deux frères médecins, s’éprennent de la même femme (Louise Bourgoin, mère d’une petite fille étant leur patiente). La trace de Jules & Jim se fait de suite ressentir, tout comme celle d’Eric Rohmer dans la picturalité de certains décors et éléments du cadre (omniprésence du bleu, couleurs pastel rappelant Les Nuits de la pleine lune). La complexité scénaristique de la famille Wolberg (fait normal pour un premier film, en particulier avec l’aide de son compagnon Serge Bozon) laisse place à un simple triangle amoureux teinté de mélancolie comme de tristesse mais aussi de joie et de drôlerie. Ainsi, nous ne saurons pas vraiment si les malades le sont réellement ou si les deux médecins sont véritablement compétents. Tout comme leur passé totalement obnubilé. Tirez la lange, mademoiselle est un film au jour le jour, que nous suivons avec le sourire guettant le grand climax attendu mais qui finalement se déclare anti spectaculaire, anti académique, mais bouleversant. 

Judith (Louise Bourgoin)

La principale réussite d’Axelle Ropert, c’est d’abord cette nouvelle Louise Bourgoin, apparaissant comme une lumière dans chaque plan sombre. L’ancienne miss météo ou fille de Monaco se révèle comme une grande actrice française et trouve ainsi son meilleur rôle de cinéma. Le jeu d’acteur, demeurant classique à l’opposé de la modernité présente sous autres aspects du film, n’en est pas moins puissant et terriblement réaliste, oscillant entre Maurice Pialat et Claude Miller. Tendant constamment vers un dénouement banal et inintéressant, le final surprend agréablement.

Sans être un souffle unique dans le cinéma français en crise aujourd’hui, ce petit film apporte beauté et réconfort, tout en nous rappelant que de jeunes auteurs ne tombent pas dans ce naturalisme contagieux, en particulier de prometteuses réalisatrices.

Jeremy S.


Dimitri (Laurent Stocker) et Boris (Cédric Kahn)

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