dimanche 21 avril 2013

Alps - Yorgos Lanthimos



Réalisé par Yorgos Lanthimos
Ecrit par Yorgos Lanthimos et Efthimis Filippou
Avec : Aggeliki Papoulia, Ariane Labed
1h33
Sortie : 27 mars 2013


Deuil et Duperie...


Yorgos Lanthimos, lauréat du prix d'Un Certain Regard au festival de Cannes en 2009 avec le terrassant Canine est de retour. Alps se conforme néanmoins à une structure et une mise en scène très proche de celle de Canine, qui, à l'inverse de son prédécesseur ne parviendra pas à heurter son spectateur. Prix du scénario à la Mostra, l'accrochage se révèle difficile. 

Synopsis : ALPS est le nom d’une société secrète. ALPS propose d’étranges services au moment du décès d’un proche. Est-ce qu’il s’agit de tromper la mort ou la vie? Qu’importe, avant tout, il s’agit d’obéir à Mont Blanc. Et pour Mont Blanc, il faut respecter les règles, toutes les règles…

Le pitch peut paraître excitant à la première lecture. Lanthimos s'empare d'un sujet en or, dans l'objectif de produire un film malsain, dérangeant, ultra violent. Ultra violent aux antipodes du terme. Comme Haneke, ce n'est pas la violence pure qui obsède le cinéaste, mais bien sa représentation, sa canalisation à travers des personnages au cerveau en ébullition. Dans Alps, nous retrouvons Aggeliki Papoulia (actrice principale de Canine) encore une fois confronté et soumise à un père extrêmement dur et froid. Mont Blanc est le même personnage que le père dans Canine. Il dirige ses filles comme des animaux en les maltraitant violemment (écho évident au Salo de Pasolini). 
L'infirmière (Aggeliki Papoulia) n'est pas seule. La gymnaste (Ariane Labed), symboliquement sa soeur, apparaît comme très proche de l'autre fille, étant en réalité une collègue comme une autre dans l'agence ALPS. La gymnaste danse, en essayant de pousser ses capacités jusqu'au bout, tout ça pour Mont Blanc. Mont Blanc est un dictateur, et en refusant de s'y soumettre, la faucheuse n'est jamais loin. La figure du chef autoritaire est peut être la lourdeur majeure du film, et nous apparaît au bout d'un moment comme ridicule. Les péripéties de l'infirmière, (c'est surtout elle que nous voyons à l'action) trop nombreuses, parfois assez mal amenées, ne nous laisse pas le temps de les vivre à ses côtés. Lanthimos, en s'attardant sur des scènes érotiques de sexe tombe dans un pathétique cliché du cinéma d'auteur, en ne nous faisant rien ressentir. Lanthimos n'est néanmoins pas un misanthrope, et tout au long nous sentons clairement la volonté du réalisateur de nous plaquer au sol, de nous étrangler avec des scènes dures et passionnantes. Sa mise en scène redondante n'y parvient que peu souvent, et ennuie plus qu'elle ne captive. Les plans fixes et les personnages cadrés sans le buste (qui là encore rappellent Michael Haneke) manquent de frontalité et d'innovation. 

Le cinéma de Yorgos Lanthimos manque également cruellement de subversivité, en proposant une vision parfois trop objective de l'action. Le comble pour un film d'auteur. Le final, se voulant anti-spectaculaire, agacera les avides de twists. Lanthimos veut être au plus proche du réel, tout en mettant en place des scénettes où nous n'y croyons pas, où l'absurde n'est jamais loin. Expérience ratée, film oublié.

Jeremy S.


La gymnaste (Ariane Labed)

L'infirmière (Aggeliki Papoulia) en mission.

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