jeudi 21 novembre 2013

Les Garçons et Guillaume, à table ! - Guillaume Gallienne



Écrit et réalisé par Guillaume Gallienne
Festival de Cannes 2013 - Quinzaine des réalisateurs - Sélection Officielle (Prix SACD)
Avec : Guillaume Gallienne, André Marcon, Françoise Fabian... 
1h26
Sortie : 20 novembre 2013

-

Guillaumette 


Jeune comique déjà populaire à la télévision, Guillaume Gallienne se montre cette fois ci sur les écrans de cinéma. Son premier film est l’adaptation d’un sketch mis en scène antérieurement. C’est avec joie que nous découvrons son aisance et aptitude à réaliser une petite comédie très inventive comme le cinéma français en a rarement produit (pour ne pas dire jamais) cette année.

Le piège tant attendu est balayé dès les premières minutes. Gallienne ne nous raconte rien d’autre que sa propre histoire, nous expose le caractère autobiographique de son film par une minutieuse mise en abîme. En réalité, il va nous scénariser un long sketch de quatre vingt minutes par son image omniprésente dans tous les coins : il occupe tout l’espace, y compris le personnage de sa mère, tout cela sans prétention pompeuse comme pouvait le montrer Valeria Bruni Tedeshi dans Un Château en Italie. Avec une voix off asexuée, Gallienne nous intègre à sa vie quotidienne sans didactisme nécessaire à la compréhension de son principal problème : est-il un homme ou une femme ? Sa voix aigue le fait passer pour sa mère dans le dos de son père, et cette dernière le différencie des autres « garçons » (d’où le titre). Même si Guillaume interprète à la perfection le rôle maternel, l’effet miroitant des deux personnages demeure invisible, justifiant ainsi l’absence de « ségrégation sexuelle » présente dans tout le film. Parmi les différents personnages rencontrés, Gallienne nous fait comprendre, comme la recherche de son identité sexuelle, celle de son genre de comédie.
Diane Kruger est sans nul doute la plus grande surprise de ce premier long métrage. Elle révèle un potentiel comique absurde encore jamais soupçonné pour une telle actrice souvent catégorisée. Aux côtés de cette drôle de séquence se situent d’autres grands moments, notamment celui de la piscine. Nous plongeons dans un bassin, et ressortons dans un autre différent, le tout avec un tube de Supertramp en fond sonore, distinguant une part de lyrisme très inattendue compte tenu de la popularité du personnage. 

Si ces deux types de comédie figurent le sketch, le plus important pour cette histoire racontée en images parvient à s’en dégager : l’émotion. Tantôt hilarant, tantôt triste, Guillaume fait exister son personnage comme notre meilleur ami, créant ainsi l’inévidente empathie pour un comique d’aujourd’hui (l’époque de Charlot et de Prince Rigadin est belle et bien révolue) à l’inverse d’un Frank Dubosc, d’un Omar Sy ou d’un Fred Testot, plus généralement de clowns ringards oubliables. Une réussite reproductible pour un deuxième film ? Pari lancé.  

Jeremy S.



Maman (Guillaume Gallienne)


Ingeborg (Diane Kruger) et Guillaume (Guillaume Gallienne)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire