mardi 19 novembre 2013

Les Rencontres d'après minuit - Yann Gonzalez



Écrit et réalisé par Yann Gonzalez
Festival de Cannes 2013 - Semaine de la critique - Selection Officielle 
Musique Originale : Anthony Gonzalez (M83)
Avec : Kate Moran, Niels Schneider, Éric Cantonna, Béatrice Dalle... 
1h31
Sortie : 13 novembre 2013

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Lyrisme effrité 


Jeune homme appartenant à la nouvelle vague des jeunes cinéastes révélée en partie par les Cahiers du Cinéma (cf n°688 Avril 2013), Yann Gonzalez est cette année le troisième mauvais élève du cinéma français à nous produire une œuvre bizarroïde et mutante. Si Antonin Peretjako (La Fille du 14 juillet) et Justine Triet (La Bataille de Solférino) parvenaient à réinventer la comédie en fondant leurs principes sur une base solide déjà établie, Gonzalez préfère radicaliser du tout au tout, au risque de tomber dans un cynisme ridicule.

À notre plus grand regret, le mal est fait. Sur un scénario débutant comme un pastiche pasolinien, tout s’écroule en quelques minutes. La Chienne, la Star, l’Étalon, et l’Adolescent se rencontrent dans une maison en pleine nuit pour se concerter, se confier, parler de leurs plus grandes frustrations sexuelles. D’un dispositif en apparence prometteur n’en ressort qu’une vague de moments oniriques faiblards, sur-stylisés, ressemblant à du carton pâte et demeurant sans fond, mais juste l’ébauche d’une idée de court métrage. Rythmé par les compositions d’Anthony Gonzalez (M83), l’avancement de l’intrigue patine, se traîne, malgré de belles performances d’acteurs au jeu anti-naturaliste. Eric Cantonna conserve son accent détestable et apparaît comme une véritable tâche au milieu des autres personnages, davantage fouillés et à la personnalité plus marquée. Est-il vraiment nécessaire que l’Étalon nous expose frontalement son faux pénis, afin de justifier l’érotisation monstre de ces rencontres ? Là où le film souhaite repousser ses limites, c’est à une falaise qu’il se heurte, dans une mise en scène immature à la recherche de l’hypnose et la passion, constamment en retrait mais s’imaginant sans peine.

Si érotisation il y a, la psychologie du fond est quant à elle inexistante. Le pouvoir des images est certes puissant, ne nécessite pas de sens précis pour toucher son public, mais dans un tel parti pris esthétique doit être présent pour nous indiquer le véritable but du cinéaste. Le versant fantastique et mythologique de certaines séquences est un plaisir visuel intense dans le cinéma français d’aujourd’hui, mais nous fait penser davantage à une réalisation étudiante qu’à l’émergence d’un renouveau. Saluons néanmoins cette brillante tentative de fabrication d’OFNI, ratée mais prometteuse pour la suite, lorsque Gonzalez maîtrisera les règles essentielles et inaltérables du long métrage.  

 Jeremy S.


Udo (Nicolas Maury), Matthias (Niels Schneider), Ali (Kate Moran)

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