mardi 5 novembre 2013

Snowpiercer, Le Transperceneige - Bong Joon Ho



Réalisé par Bong Joon Ho
Ecrit par Bong Joon Ho et Kelly Masterson
D'après la BD Le Transperceneige de Benjamin Legrand, Jean-Marc Rochette et Jacques Lob
Avec : Chris Evans, Song Kang-Ho, Ed Harris, John Hurt,...
2h05
Sortie : 30 octobre 2013

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Faux semblant


 Cet article dévoile des éléments clés de l'intrigue.

Quelque peu éclipsé par l’intérêt suscité vis à vis de La Vie d’Adèle et Gravity, Snowpiercer, à mi-chemin entre le blockbuster et son cinéma d’auteur, en plus d’être un véritable plaisir visuel propose un discours nihiliste de l’humanité sous-jacent à d’autres interprétations qui paraissent évidentes.

On entend toutes sortes d’exégèses sur le fond du film. Certains y verront une lutte des classes, d’autres l’Histoire du Déluge et l’Arche de Noé revisité. Si ces deux idées sont bien présentes dans le film, il ne faut cependant pas oublier que l’on a affaire à Bong Joon-Ho et plus globalement à un cinéaste de la « Nouvelle Vague Coréenne ». Le récit biblique et la lutte des classes sont des thèmes qui sont bien souvent employés par les américains et les français (il ne faut pas oublier que le film reprend forcément des thèmes présents dans le BD) alors qu’ils n’ont une place que très légère voire inexistantes dans le cinéma coréen. En effet, si l’on creuse dans la filmographie de Bong Joon-Ho et de ses illustres collègues (Park Chan-wook, Kim Jee-woon, Im Sang-soo ou encore Na Hong-Jin) on s’aperçoit très rapidement que le cinéma qu’ils proposent est une critique violente de l’Etre humain, que celui-ci n’a aucune valeur. C’est sans doute sous cet angle qu’il faut comprendre le film.

Certes le conflit entre les pauvres et les riches existent mais ne s’arrêter que sur cet aspect n’est pas faire honneur à un film polysémique. Chacun des partis en prend pour son grade, et les leaders de chaque clan ont commis autant d’atrocités, pour des causes qui leur paraissent juste. Ce qu’il en reste finalement, en grattant à la surface, est que l’humanité n’a plus sa place dans ce monde et que cette soit disant « Arche moderne », recèle les mêmes pêchés que la Terre avant elle. Cette « Arche moderne » subira d’ailleurs elle aussi un Déluge qui, au lieu d’être causé par la glace comme c’est le cas sur Terre, est causé par l’implosion puis l’explosion du train.

Curtis (Chris Evans)
Bong Joon-Ho fait encore très fort à la conclusion du film, faisant mine de se plier aux impératifs du cinéma des Blockbusters, en jouant sur l’être et le paraître. En effet, les derniers plans du film laissent présager une renaissance du monde, un Adam et Eve pouvant repeupler la planète, un Happy-End comme aime à le voir les productions Hollywoodienne. Néanmoins, en y repensant, est-il réellement imaginable de voir cette jeune adulte procréer (bien plus tard) avec celui qui n’est encore qu’un enfant de 5 ans ? Cela paraît peu probable tant la dernière image montre un lien maternel. Et si l’apparition d’un ours polaire a engendrer la moquerie d’une partie des spectateurs, il est le seul point de véritable optimisme du film, le monde animal a lui survécu aux différents Déluge et n’a jamais été corrompu comme ont pu l’être les Hommes et a donc toute la légitimité pour continuer de vivre.

Avec un fond aussi riche, qui ressemble au cinéma américain mais qui s’apparente plus à la philosophie sud-coréenne, Snowpiercer bénéficie également d’un travail sur la forme typiquement coréen et qui n’a d’américain que les moyens financiers pour réaliser les moindres fantasmes du cinéaste. Il était question de Gravity un peu plus haut. Il est très intéressant de voir deux Huis-Clos diamétralement opposés. Si le film d’Alfonso Cuarón impressionnait par sa capacité à étouffer avec l’Espace (espace le plus grand que l’on puisse trouver) le film de Bong Joon-Ho se pose la contrainte inverse, donner l’impression d’un espace de mise en scène énorme alors qu’il ne s’agit que de wagon. Par ces inventions magnifiques de décors à chaque décor il réussit à créer un microcosme qui a tout l’air d’un macrocosme. C’est par les décors que le cinéaste excelle (ce fut également le cas pour ses concitoyens, tel que Kim Jee-won dans Le Bon, La Brute et Le Cinglé où le décor devient un espace de jeu époustouflant).

Au premier plan : Yona (Ko Ah-sung)
Bien sûr il ne faut pas oublier tout ce qui a fais la renommée de cette Nouvelle Vague coréenne, leur esthétique et plus particulièrement leur chorégraphie des combats. Grâce à Snowpiercer Bong Joon-Ho montre tout l’étendu de son talent en diversifiant à chaque fois sa manière de chorégraphier les différentes confrontations entre les pauvres et les soldats en utilisant en majorité des mouvements de caméra rapides et fluides comme dans ses films précédents. Si le cinéma sud-coréen est souvent perçu comme un cinéma violent et sanglant, leur questionnement quand au mouvement des corps par rapport à ceux de la caméra relève plus d’un sentiment d’harmonie que de violence extrême. En y ajoutant une nouvelle envie du cinéaste d’user de ralenti lors de ces scènes, le résultat est un moment de pure exaltation face à ce nouveau poète qu’est Bong Joon-Ho.


Alexis D.

Tanya (Octavia Spencer), Mason (Tilda Swinton), Andrew (Ewen Bremner), Curtis (Chris Evans), Grey (Luke Pasqualino), Yona (Ko Ah-sung), Namgoong Minsu (Song Kang-ho)

1 commentaire:

  1. Bon article, explicatif, clair et argumenté... mais beaucoup de fautes ! Il faut de la bêta lecture !

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