jeudi 20 juin 2013

L'inconnu du lac - Alain Guiraudie



Ecrit et réalisé par Alain Guiraudie
Avec : Pierre Deladonchamps, Christophe Paou...
Festival de Cannes : Un Certain Regard - Sélection Officielle : Prix de la mise en scène / Queer Palm
1h37
Sortie : 12 juin 2013

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Un Certain Regard 


Un certain regard fût marqué cette année par le quatrième long métrage d'Alain Guiraudie, LE film de sexe du festival, courronné sans surprise d'une Queer Palm mais également d'un prix de la mise en scène. Guiraudie lançe cette fois-ci un uppercut massif dans la production française de l'année (déjà avec une affiche controversée), proposant un film radical, froid, maîtrisé, mais d'un cynisme pompeux et agaçant. 

Il est malgré tout difficile de trouver des défauts à une oeuvre de cette envergure, osant bon nombre de choses, mais malheureusement sans les exploiter suffisament. Trois lieux sont présents dans le film : le lac, la plage, et le bois. Nous suivons Franck, un homosexuel venu se baigner dans le lac, et à l'évidence chercher du sexe. Guiraudie fait durer les plans, afin de rendre cette environnement contemplatif et de le magnifier. L'inconnu du lac, c'est d'abord Henri, le seul homme gardant un vêtement sur le rivage. Il semble venir ici pour réfléchir, s'ennuyer, et non trouver un compagnon. Il se liera d'amitié avec Franck, jusqu'à ce que ce dernier tombe amoureux de  Michel. Pendant la moitié du film, Guiraudie tourne en rond, essaye vainement d'harponner son public, avec ce scénario mystérieux aux allures métaphysiques parsemé de scènes de sexe sorties tout droit du film pornographique. Doit on  vénérer Alain Guiraudie pour ces scènes crues ? La prise de risque doit elle être valorisée à ce point ? Non. La qualité de l'interprétation à du moins le mérite de révéler deux (possibles) futurs grand noms d'acteurs du cinéma français : Pierre Deladonchamps (Franck) et Christophe Paou (Michel).

Le scénario commence néanmoins à nous interesser à partir du meurtre d'un naturiste, noyé dans le lac. Surgira alors un policier venant de nulle part, et l'inconnu du lac se transformera alors en un pur mythe. La vision et les propos radicaux d'Alain Guiraudie peuvent passionner, mais aussi terriblement ennuyer et donner envie de s'enfuir, de ce monde bestial n'ayant rien d'autre à offrir qu'une partie de jambes en l'air. Le réalisme, oui, mais montré de cette façon, Guiraudie peut grandement déplaire. 

Le lyrisme n'en est ici qu'à son prototype (malgré le fait que Guiraudie met en scène un véritable huis clôt), et si le grand cinéma français est là pour produire des émotions, c'est sans doute plus avec Antonin Peretjako (La Fille du 14 juillet) que presse et public s'accorderont. Une grande oeuvre d'un petit cinéaste, ou une petite oeuvre d'un grand cinéaste ? L'avenir nous le dira. Chose sûre : le monde d'Alain Guiraudie reste difficilement accessible.  

Jeremy S.

Franck (Pierre Deladonchamps) et Henri (Patrick Dassumçao)

Michel (Christophe Paou) et Franck (Pierre Deladonchamps)


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