lundi 18 février 2013

Antiviral - Brandon Cronenberg


Ecrit et réalisé par Brandon Cronenberg
Avec : Caleb Landry Jones, Sarah Gadon...
Musique originale : E. C. Woodley
1h44
Sortie : 13 février 2013

9/10

Ce nom vous dit sûrement quelque chose, il s'agit ni plus ni moins du fils de David Cronenberg. Le père et le fils ont tous deux vu leurs films en compétition à Cannes en 2012 : Cosmopolis nominé pour la Palme d'Or et Antiviral nominé dans la section Un certain Regard. Avec un travail pointilleux de la mise en scène, un acteur principal dirigé à la perfection, ce 1er film de Brandon Cronenberg est un des bijoux de ce début d'année 2013.

Synopsis : La communion des fans avec leurs idoles ne connait plus de limites. Syd March est employé d'une clinique spécialisée dans la vente et l'injection de virus ayant infecté des célébrités. Mais il vend aussi ces échantillons, pour son propre compte, à de puissantes organisations criminelles. Sa méthode pour déjouer les contrôles de la clinique : s'injecter les virus à lui-même... Mais ce procédé va s'avérer doublement dangereux : porteur du germe mortel ayant contaminé la star Hannah Geist, Syd devient un cible pour les collectionneurs...


En 2008, Brandon Cronenberg réalise un court-métrage intitulé Broken Tulips qui a énormément de point commun avec Antiviral. Tout d’abord, les « Broken Tulips », qui sont des tulipes ayant subit des mutations suite à un virus. Elles sont d’une part surabondantes dans Antiviral (les tulipes peintes sur les tableaux, celles dans les vases…) et, d’autre part, c’est un personnage d’Antiviral qui nous explique quelle est la particularité de celle-ci. Ensuite, dans le court-métrage, le personnage principal s’appelle Edward Porris. On le retrouve dans Antiviral, il est le 1er que l’on voit se faire injecter un virus. Brandon Cronenberg a donc pensé son film pendant plus de 4 ans, ce qui peut expliquer la quasi perfection de ce film.

Là où Cronenberg étonne, c’est qu’il contrôle absolument tous les aspects du film. Les décors sont très épurés (notamment dans la clinique), ce qui lui permet d’avoir une maitrise chirurgicale de la mise en scène, à la fois simple et efficace. Ces plans sont beaux (en particulier un plan au ralenti, le seul du film), dérange parfois (avec des gros plans assez récurrents sur les bras lors des injections de virus, les pathologies physiques filmées de très près). La direction d’acteurs est aussi impressionnante. En particulier la performance de Caleb Landry Jones (qui joue Syd March) dont c’est le 1er rôle principal. Ce jeune acteur épate de la première à la dernière minute, avec un jeu très juste, jamais exagéré. C’est en ce qui concerne une actrice qu’apparaît la seule frustration de ce film : Sarah Gadon (qui incarne la star Hannah Geist). Celle-ci, qui n’est omniprésente grâce à des affiches placardées sur les murs ou des enregistrements vidéo passés en boucle, ne joue qu’une dizaine de minutes dans le film pendant lesquelles elle est envoutante. On regrette que, comme l’a fait son père dans Cosmopolis, Brandon Cronenberg l’utilise si peu.

Le discours de ce film futuriste est également très fort. La télé-réalité, la bêtise humaine et l’appat du gain sont rudement dénoncés. Il met en scène un monde où la starification est si extrême que les fans vont jusqu’à s’injecter des virus prélevés sur leur idoles, par le biais de la médecine qui est normalement une entité avec un véritable code éthique mais qui ici profite de ce système. Pas une seule seconde le spectateur remet en question cette vision du monde.

Avec tout cela, Cronenberg se permet le luxe s’insérer des scènes oniriques, symbolisant l’état de Syd March, qui venues de nul part sont à la fois plaisantes et justifiées. Pour un 1er film, il nous fait cadeau d’une œuvre qui, bien qu’étoffée, ne se perd pas en chemin et nous emmène là où il faut, avec une scène finale sublime, interpellante.


Alexis D.

Syd (Caleb Landry Jones) et Hannah (Sarah Gadon)

Scène onirique de Syd (Caleb Landry Jones)



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