mercredi 27 février 2013

Wadjda - Haiffa Al Mansour



Ecrit et réalisé par Haiffa Al Mansour
Avec Waad Mohammed, Reem Abdullah...
1h37
Sortie : 6 février 2013

6/10

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Femme, tu seras...

Retenons le nom d'Haiffa Al Mansour. Car ce n’est autre que celui de la première réalisatrice saoudienne exposant avec un premier film, plutôt réussi, la condition de la femme en Arabie Saoudite, sujet très tabou de nos jours. Poignant dans certains moments, décevant dans d'autres.

Synopsis : Wadjda, douze ans, habite dans une banlieue de Riyad, capitale de l’Arabie Saoudite. Bien qu’elle grandisse dans un milieu conservateur, c’est une fille pleine de vie qui porte jeans et baskets, écoute du rock et ne rêve que d’une chose : s’acheter le beau vélo vert qui lui permettra de faire la course avec son ami Abdallah. Mais au royaume wahhabite, les bicyclettes sont réservées aux hommes car elles constituent une menace pour la vertu des jeunes filles. Wadjda se voit donc refuser par sa mère la somme nécessaire à cet achat. Déterminée à trouver l’argent par ses propres moyens, Wadjda décide alors de participer au concours de récitation coranique organisé par son école, avec pour la gagnante, la somme tant désirée.

La petite Wadjda, interprété par Waad Mohammed produit des étincelles dès sa  première apparition. C’est une jolie petite fille portant un voile et des converses que nous allons suivre pendant 90 minutes. La première force du film est d’abord son cadre spatial, qui, par la caméra d’Haiffa Al Mansour est rendu passionnant, riche, et beau (comme l'a si bien fait Adam Leon avec Gimme The Loot). Pas de caméra porté ni de longs plans (souvent le cas pour des premiers films fauchés), la mise en scène de la réalisatrice étonne et met très à l’aise, si bien qu’on en oublie presque que tout cela se passe en Arabie Saoudite. La famille de Wadjda est parfaitement normale, avec une belle maman aimant sa fille et un père un peu ridicule mais également attaché à son enfant. Haiffa Al Mansour (également scénariste) ne surcharge pas son récit d’intrigues inutiles et se cantonne à la vie de Wadjda, ayant un unique objectif : acheter un vélo, pour en faire comme son ami, Abdallah (Abdullrahman Al Gohani).

Car même si la vie est belle, Wadjda ne réussit pas tout en claquant des doigts. Apprendre le Coran lui demande du temps, bien qu’elle n’en ait aucune envie (elle le fait pour gagner une récompense et ainsi s’acheter le vélo). Quand on a envie de quelque chose, il faut tout donner, faire le mieux possible, sans se décourager (le vélo pourrait symboliser la gestation du premier film d’Haiffa Al Mansour). La recherche du bonheur (l’argent pour acheter le vélo) va servir de trame principale au scénario, et par là permettre à Wadjda de découvrir la vie, l’adolescence (il y a bien entendu un garçon, son ami Abdallah). C’est avec plaisir, mais sans surprise que nous suivons son parcours.

La structure assez académique du récit que construit Aiffa Al Mansour peut s’avérer parfois agaçante. Les péripéties répétitives peuvent facilement ennuyer au bout de trois quarts d’heure, et l’on en vient à se demander si la réalisatrice ne dégringole pas en chute libre dans une simple démonstration, ni fictionnelle, ni documentaire. Ce n’est heureusement pas le cas. De plus, le personnage de Wadjda est au fur et à mesure sous exploité, et le sentimentalisme recherché ne fonctionne pas dans toutes les séquences. Wadjda est finalement un personnage trop simple, trop gentil, manquant de défauts et d’ambigüité. 

Si Haiffa Al Mansour finit comme prévu en happy end larmoyant, Wadjda  ne se laisse pas oublier si vite et invite tout de même à la réflexion sur le discours d'Haiffa Al Mansour : Le statut de la femme, non seulement au Moyen Orient, mais également dans le monde entier. Petit, maladroit, mais efficace. 


Jeremy S.


Wadjda (Waad Mohammed) et Abdallah (Abdullrahman Al Gohani)


Wadjda (Waad Mohammed)


Aiffa Al Mansour



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