mercredi 1 mai 2013

Les Amants passagers - Pedro Almodóvar



Ecrit et réalisé par Pedro Almodóvar
Avec : Javier Cámara, Carlos Areces, Raúl Arévalo, ...
1h30
Sortie : 27 mars 2013

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Trou d'air

Les Amants passagers signent le grand retour de Pedro Almodóvar à la comédie. Come-back... raté ! L'A340 de la compagnie Pinínsula, à destination de Mexico, se retrouve, suite à une panne technique, bloqué dans les airs en attendant de pouvoir atterrir. Les passagers pensent vivre leurs dernières heures. Sur le papier, le film ressemble à un vaudeville aérien prometteur. Mais dans les faits, il se révèle n'être qu'une plate comédie.


Pourtant l'un des meilleurs scénaristes au monde, Almodóvar enchaîne ici maladroitement ses séquences. Il n'y a pas d'autres enjeux narratifs que celui de multiplier des dialogues loufoques dans un pauvre cocktail de sexe et de drogue. Almodóvar veut s'amuser. Et c'est peut-être l'une des seules qualités du film. Le cinéaste espagnol assume franchement son intention de divertir, tout simplement. Le projet est noble, certes, mais manque de souffle. Almodóvar se caricature et perd en finesse. Le film tourne au ridicule et au grotesque, à l'image de l'absurde séance d'orgie sous mescaline. Triste !
Le film manque clairement de fond. Almodóvar semble ne vouloir rien raconter. Pourtant, le sujet, dans sa forme simple, aurait pu donner lieu à davantage de profondeur. On regrette les grands films d'Almodóvar des années 2000. Avec peu et beaucoup d'inventions scénarstiques, le cinéaste donnait à ses films un caractère bouleversant. Dans Les Amants passagers, Almodóvar n'offre qu'un film de surface, destiné à la jouissance immédiate (comme ses personnages). Ce qui aurait pu être un psychodrame social cocasse se transforme en un éclair passager, aussitôt vu, aussitôt oublié. Léger ? Trop ! Le film manque de matière, de poids et d'émotions. A trop vouloir alléger, le produit perd de sa saveur et de son caractère. Almodóvar se contente du service minimum de son talent.
Retenons quand même la fringante troupe d'acteurs, les stewards en tête qui s'en donne à cœur joie. Le film reste néanmoins un divertissement passable et sympathique. Mais quel gâchis ! Almodóvar mérite mieux que de petits sentiments futiles ! On en sort content, mais énervé. La filmographie d'Almodóvar laisse à penser que Les Amants passagers fut une parenthèse, au pire, une erreur de parcours. On prend quand même rendez-vous pour le prochain film, en espérant que le cinéaste renouera avec toute l'ampleur de son génie.

Adrien V.

Fajas (Carlos Areces), Ulloa (Raúl Arévalo), Joserra (Javier Cámara), détonant trio de stewards.


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